« La tête en friche » de Jean Becker n’est pas ce qu’on appelle un « grand film ». Mais on se laisse volontiers entraîner par son optimisme et par le talent des acteurs, en particulier Gérard Depardieu et Gisèle Casasus.
Germain (Gérard Depardieu) est un « looser ». Il vit dans une petite ville de petits boulots, est un pilier du bistrot « chez Francine », habite dans une caravane dans le jardin de sa mère, qu’il n’a jamais quittée bien qu’elle l’ait toujours traité par le mépris. Il a la tête en friche. Elevé sans père, tête de turc de son instituteur, considéré par sa mère comme un gêneur et un minable, c’est un pauvre gars sans repère. Ou du moins, c’est ainsi qu’il parait. Car dans son potager, Germain est un prince qui sait dénommer plus de variétés de tomates qu’il n’y en a dans le Petit Robert. Et dans sa caravane, ses nuits ont un trésor : Annette (Sophie Guillemin), une jolie femme d’une trentaine d’années, des yeux bleus à faire chavirer, l’aime de pur amour.
La rencontre dans un jardin public avec Margueritte, quatre vingt quinze ans passés, va permettre a Germain d’ordonner son jardin mental. Elle lui lit Albert Camus et Romain Gary, et c’est pour lui une révélation. Sa richesse intérieure était scellée sous un manteau d’apparente inculture, de la même manière que l’amour que sa mère lui portait était cachée sous une apparence d’inextinguible hostilité. Avec Annette et Margueritte, Germain est prêt à fonder une famille.
« La tête en friche » chasse dans les territoires de Harold et Maud (un adolescent suicidaire sauvé par une vieille dame débordante de joie de vivre) et du Liseur (une ancienne gardienne de camp de concentration nazi hantée par son analphabétisme). Le film est loin d’atteindre leur profondeur, mais il raconte une bien belle histoire.
Photo du film « la tête en friche », Gérard Depardieu et Gisèle Casasus.