La traversée

France 5 a récemment diffusé un documentaire de Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, « La traversée ».

Animateurs de mai 1968, Romain Goupil, réalisateur de plusieurs films dont « les jours venus », et Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen, se lancent dans « une traversée de la France dans une mise en scène soignée » comme Macron avait, au soir de son élection, réalisé « une traversée de la cour du Louvre dans une mise en scène soignée ».

Les deux compères partent donc à la découverte de ce pays merveilleux qu’est la France. Leur film est entrecoupé de scènes de trains, d’autoroutes ou de départementales ; il permet aussi au spectateur de respirer en admirant des paysages bien de chez nous.

Goupil et Cohn Bendit essaient de comprendre comment notre pays est angoissé ; pourquoi, en cas de doute, plus de la moitié de ses citoyens se tournent frileusement vers l’État au lieu d’oser la liberté ; pourquoi on y parle si souvent de peur et de déclin.

Ils vont à la rencontre d’un syndicaliste des Chantiers de Saint-Nazaire, qui explique que les syndicats ne devraient pas seulement défendre les acquis, mais imaginer d’autres relations de travail. Et puis aussi d’un éleveur, d’infirmières en hôpital, d’un boulanger, d’un pêcheur, d’enseignants inventant une autre école, de cyclistes amateurs, de détenus dans une maison centrale, d’un imam, de beurettes dont l’une porte le voile, l’autre pas, d’ouvriers propriétaires de leur société coopérative de production.

Ils ne craignent pas l’affrontement. Ils rencontrent à Montpellier Robert Ménard, maire Front National, qu’ils connaissent bien puisque, comme Goupil, il a été trotskyste. Ils participent dans une mairie à une rencontre avec des militants se réclamant de l’extrême droite : « pourquoi ton discours est-il si négatif, demande-t-il à un chef d’entreprise obsédé par la racaille fainéante ? Pourquoi ne pas parler des gens qui te surprennent positivement ? Il y a de quoi attraper des ulcères à l’estomac ! »

Une préoccupation récurrente dans le film est l’accueil des étrangers. Goupil et Cohn Bendit se rendent dans la vallée de la Roya. Une militante de l’accueil des migrants dans ce corridor entre l’Italie et la France explique qu’elle n’a pas choisi de militer, que c’est venu comme une évidence lorsqu’un jour elle a ouvert sa voiture à des hommes épuisés, des Soudanais. On est toujours dépassés, dit-elle, il n’y a pas de solution.

Attablés dans un café, les deux réalisateurs se demandent comment ils vont réaliser l’interview que leur a accordée le président de la République : à l’Elysée, ce serait trop pompeux ! On découvre qu’un autre homme est assis à leur table, Emmanuel Macron lui-même. La discussion tourne sur l’accueil des étrangers. Le plan suivant, tourné le long des barbelés à Calais, montre que le discours bien construit du président ne les a pas convaincus.

« La traversée » dure plus de deux heures. Mais on ne s’ennuie pas au long de cette pérégrination dans une France qui mérite qu’on croie en elle.

Une réflexion sur « La traversée »

  1. Intérêt certain mais des longueurs et des lacunes.
    Un début où CB se fait plaisir sans intéresser.
    Des interviewés à qui on ne donne pas le loisir de s’exprimer comme Robert Ménard. D’autres qu’on a de la peine à situer

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