La tresse

Dans « la tresse », film tiré de son roman éponyme, Laetitia Colombani met en scène trois femmes courageuses appartenant à des cultures étrangères les unes aux autres, mais dont les destins se trouveront liés sans même qu’elles puissent en prendre conscience.

 Le contraste est violent, et la réalisatrice l’accentue par des choix cinématographiques : caméra sur l’épaule, mouvements de foule et couleur ocre en Inde ; immeubles de bureau, lumière artificielle et plans cadrés au Canada ; bâtiments historiques, mer Méditerranée, prédominance du bleu dans les Pouilles, en Italie du sud. 

Au nord de l’Inde, Smita (Mia Maelzer) appartient à la caste des Intouchables. Elle rêve pour sa fille Lalita une vie affranchie de la discrimination. Ensemble, elles s’échappent en autocar et en train vers le sud de la Péninsule. Au bout de cette escapade harassante et dangereuse, l’accueil espéré par des cousins, mais, auparavant, l’offrande au Dieu dans un temple au sommet d’une montagne.

À Montréal, Sarah (Kim Raver) vit à cent à l’heure entre le cabinet d’avocats dont elle est l’étoile montante et ses trois enfants, une adolescente et deux jumeaux, qu’elle élève seule. Lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein et que la chimiothérapie ruinera son équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, son univers s’effondre.

 C’est aussi un effondrement que vit Giulia (Fotini Peluso) lorsque meurt son père adoré, et qu’elle découvre que celui-ci, héritier d’une fabrique artisanale de perruques, était au bord de la faillite. Sa mère entend la précipiter dans les bras d’un prétendant riche. Mais elle s’éprend d’un migrant, Kamal (Avi Nash), un sikh du Pendjab.

Pour vivre leur nouvelle vie, Smita et Lalita devront offrir leur chevelure, leurs tresses, au Dieu. Pour affronter la sienne, Sarah devra accepter la chute de ses cheveux et opter pour une perruque. Avec l’aide de Kamal, Giulia sauvera l’entreprise familiale, qui se fournira en matière première en Inde et vendra ces perruques jusqu’en Amérique.

 « La tresse » fait partie de ces films qui rencontrent un accueil froid des critiques et suscitent l’enthousiasme du public. J’ai aimé cette parabole de la fraternité universelle. Les acteurs sont excellents. J’ai apprécié la manière dont la réalisatrice amène le spectateur, pas à pas, à construire une cohérence entre des histoires a priori incompatibles. La musique originale de Ludovico Einaudi contribue à sceller les destins « d’amazones » jetées par la naissance dans des espace-temps différents.

Une réflexion sur « La tresse »

  1. « Il y a dans le salut une facilité plus difficile pour nous que tous nos efforts » (Simone Weil).
    Voilà pourquoi « ces films rencontrent un accueil froid des critiques (les grands) et suscitent l’enthousiasme du public (les petits) » ; autrement dit « cette parabole de la fraternité universelle est trop belle pour être vraie » ! La nécessité d’une récompense, de recevoir l’équivalent de ce que je donne, ne me fait chercher mon salut qu’en moi-même : donnant/donnant, gagnant/gagnant, « œil pour œil, dent pour dent ». La possibilité même d’un salut venant du hasard ou d’un sauveur n’a pas sa place dans notre monde.

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