Situées à une trentaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux, dans l’Entre-deux-mers, les ruines de l’Abbaye de la Sauve Majeure méritent la visite.
La piste cyclable Roger Lapébie emprunte le tracé d’une ancienne voie de chemin de fer entre Bordeaux et Sauveterre de Guyenne. Son tracé, toujours en pente douce, traverse des forêts et des paysages de vignoble. Le village de La Sauve, à quelques kilomètres de la station-vélo de Créon, est sur son parcours.
L’Abbaye est juchée sur un promontoire au-dessus du village. Après la révolution française, elle fut utilisée comme carrière de pierre. Son classement comme monument historique en 1840 arrêta le dépeçage. Ce qui reste de l’église, surmontée par un clocher élevé, est profondément émouvant.
L’Abbaye fut créée en 1079 par un abbé bénédictin, le futur St Gérard de Corbie, dans une vaste forêt (« silva », d’où Sauve) entre Dordogne et Garonne, l’Entre-deux-mers. Au douzième siècle, l’abbaye, au faîte de la puissance, fut à la tête de 70 prieurés répartis de l’Angleterre à l’Aragon.
L’essentiel du bâtiment a été construit au douzième et treizième siècle, à la jointure du roman et du gothique. Il est aujourd’hui éventré. Des arbres immenses l’entourent et c’est comme si leur vitalité contribuait à la puissance spirituelle de l’édifice. De magnifiques chapiteaux ont échappé au massacre. Ils parlent de combats fabuleux, de fosse aux lions, de faune mythique, de végétaux porteurs de bien et de mal.
Flâner dans les ruines, tenter de décrypter les messages que délivrent les décors sculptés et les volumes mêmes de l’église, se laisser caresser par les contrastes d’ombre et de soleil procurent un puissant sentiment de bonheur.