« Le chat révélé », livre publié par Desmond Morris sous le titre « Catwatching » en 1986, devrait être lu par tous ceux qui possèdent un chat ou désirent en posséder.
« Posséder » est d’ailleurs un mot inadéquat, ainsi qu’il ressort de la lecture de ce livre qui s’efforce de comprendre le pourquoi et le comment des comportements de nos amis félins. Lorsqu’ils sont à la maison et quémandent nourriture et caresses, ceux-ci se comportent comme de parfaits compagnons intimes ; une fois franchi le seuil de la maison, ils échappent totalement à notre contrôle et s’adonnent sans retenue aux découvertes, aux joies et aux violences de la vie sauvage.
Le chat que nous révèle Desmond Morris est ainsi à la fois un gros chaton qui, nourri par l’homme comme aux tétons de sa mère, n’a jamais grandi psychologiquement ; et aussi un redoutable prédateur qui, indépendamment du besoin de se nourrir, chasse rongeurs, oiseaux et poissons avec des techniques adaptées à chaque espèce.
Desmond Morris répond à une cinquantaine de questions que les humains se posent sur leurs compagnons félins, depuis « pourquoi déchire-t-il le tissu de votre fauteuil préféré » ? jusqu’à « à quoi servent les moustaches du chat » ? ou encore « comment le chat retrouve-t-il son chemin pour rentrer chez lui ? »
Un bon exemple de l’approche de l’auteur est donné par la réponse à la question « pourquoi le chat joue-t-il parfois avec sa proie avant de la tuer ? » « Quel est le maître à qui il n’est jamais arrivé de découvrir avec horreur son chat s’acharnant apparemment à torturer une petite souris ou un malheureux oiseau ? (…) Pourquoi le chat procède-t-il ainsi, alors qu’il est une machine à tuer parfaitement au point ? » Desmond Morris avance trois explications : le désir de nos félins domestiques de profiter aussi longtemps que possible de cet événement rare qu’est pour eux la chasse ; dans le cas des femelles, un réflexe pédagogique, consistant à enseigner aux chatons (en l’occurrence ces chatons géants que sont pour elles leurs humains) comment tuer une proie vivante ; enfin, s’agissant d’un « chat de compagnie choyé, un peu rouillé sur le plan technique quand il s’agit de tuer vite et bien », écarter tout risque de représailles de sa victime en s’assurant qu’elle est totalement assommée avant d’oser lui infliger la morsure fatale.
Le chat n’est pas bon ou mauvais, vertueux ou vicieux. Il ne faut pas interpréter ses comportements selon nos codes de valeur humains, mais à la lumière des comportements que son code génétique impose à tous ses semblables, à toutes les époques et sous toutes les latitudes.