Le dernier des Juifs

« Le dernier des Juifs », premier long-métrage de Noé Debré, traite sur un ton doux-amer de la disparition progressive de la communauté juive de quartiers populaires.

Bellisha (Michael Zindel) et sa mère Giselle (Agnès Jaoui) vivent dans un grand ensemble de la Seine Saint-Denis. À vrai dire, Bellisha, 26 ans, ne vit que pour sa mère, de plus en plus invalidée par une maladie qui finira par l’emporter.

Son objectif : la materner, dans une sorte de relation mère-fils inversée. Il lui fait croire que la boutique kasher est en plein essor, alors qu’elle va fermer faute de clients. Il lui décrit ses exploits en krav maga, un sport de combat développé en Israël. Il évoque sa réussite éclatante aux côtés de son cousin dans la vente de chauffe-eau solaires. De pieux mensonges.

Giselle rêve de quitter le quartier pour rejoindre la communauté juive de Saint-Mandé, ou de faire son Alya, émigrer en Israël. Bellisha entreprend mollement des démarches, obtient un certificat de judéité, mais cela ne va pas plus loin.

Car Bellisha est une sorte de petit prince égaré dans un monde de brutes. Il n’a pas de diplôme, n’a jamais passé son permis de conduire. C’est un garçon gentil, apprécié des copains du quartier, blacks, asiatiques, arabes. Il couche un après-midi par semaine avec une jeune beure, mais elle est mariée et cette relation n’a pas d’avenir.

Bellisha ne sait pas dire non. Quand la mairie lui demande de participer, dans la synagogue qui a fermé, à une rencontre interconfessionnelle sous l’œil des caméras, il se retrouve sans maugréer dans le rôle du rabbin entre le prêtre et l’imam.

Le film de Noé Debré est, selon la critique du Figaro, « une bonne histoire juive, c’est-à-dire une tragédie racontée à la façon d’une comédie. » Il est empreint de poésie nostalgique. Alors que la guerre atroce à Gaza réveille les passions identitaires, il fait du bien.

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