Bien que n’étant pas « fan » de football, j’ai éprouvé la ferveur religieuse qui a traversé la Coupe d’Europe.
N’étant pas abonné aux chaînes payantes, j’ai rarement l’occasion de regarder des matchs de football à la télévision. Je ne fréquente pas les stades. Je vois la corruption des instances du football mondial.
Je ne me suis pas rendu à la « Fan Zone » de la Place des Quinconces à Bordeaux. J’ai en tout regardé trois matchs de la Coupe d’Europe : Belgique-Galles, France-Allemagne et France-Portugal (la finale). J’ai été peu sensible à la fièvre nationaliste. Je n’ai pas peint mes joues en bleu, blanc et rouge. Mais j’ai ressenti de vraies émotions en regardant ces trois matchs.
J’ai été sensible à l’extraordinaire talent des gladiateurs modernes que sont les joueurs de football de niveau international : leurs pointes de vitesse ; la précision de leurs gestes ; le sens tactique d’une passe en profondeur qui va rejoindre un joueur en pleine course perçant les lignes adverses.
J’ai été sensible à la psychologie de groupe. J’ai vu l’équipe de Belgique qui s’était promise de tuer le match avec les Gallois dans le premier quart d’heure en marquant plusieurs buts n’en marquer qu’un seul ; je l’ai vue douter, prendre un but de leurs adversaires, puis se désunir et marcher droit à la défaite. J’ai vu l’équipe de France démoralisée par l’accumulation d’occasions manquées ; je l’ai vue finalement terrassée par une équipe portugaise en principe inférieure et privée de son meneur de jeu.
J’ai vécu l’angoisse des minutes qui passent, celles qui nous approchent des prolongations ou des tirs au but ; celles qui restent, en fin de partie, lorsqu’on est mené à la marque et qu’il reste un tout petit espoir d’égaliser et, peut-être de remporter la victoire malgré tout.
Le football est une religion populaire. Comme les grandes religions, il exalte les émotions, développe des rites, créée des communautés. Celle de l’équipe de France était multiraciale. Cela aussi rend exceptionnels ces jours de l’Euro 2016.