Arte TV propose en replay dix films de Yasujiro Ozu, dont « le goût du saké », son dernier film réalisé en 1962.
Quinquagénaire, Sushei Hirayama (Chischu Riyu) est cadre dans une entreprise industrielle après avoir été capitaine de vaisseau japonais pendant la seconde guerre mondiale. Il est veuf. Son fils aîné est marié. Sa fille Michiko et son plus jeune fils vivent avec lui.
Michiko a 24 ans et joue le rôle de servante pour son père et son frère. Que deviendraient ils sans elle ? Bien qu’amoureuse d’un garçon, elle refuse l’idée du mariage, qu’elle perçoit comme un abandon, une trahison.
Peu à peu, pourtant, Sushei se pose la question de laisser sa fille vivre sa vie. Tous les soirs, il retrouve des amis dans un bar pour boire du saké. L’un d’entre eux lui parle d’un bon parti possible pour da fille. Un autre, pour échapper au vieillissement, a épousé en secondes noces une femme jeune.
Les amis sont anciens d’un même lycée. Un soir, ils invitent à dîner un ancien professeur. Celui-ci boit à en devenir ivre mort. En le raccompagnant chez lui, ils découvrent qu’il vit avec sa fille et que celle-ci, réduite à l’état d’assistante de vie, n’a pas d’avenir. Sushei aime trop Michiko pour l’entraîner dans cette impasse.
Le jour du mariage de Michiko, alors qu’ils se préparent à partir pour la cérémonie, le père contemple sa fille rayonnante de beauté. Le sacrifice du confort de ses vieux jours est compensé.
« Le goût du saké » est un film magnifique. La plupart des scènes sont tournées dans des intérieurs japonais, avec une enfilade de salles, avec la table basse du repas qui amplifie le volume. Beaucoup de visages sont filmés en plan fixe, ce qui rend l’expression des visages bouleversante. Le sourire de Sushei est irrésistible.
En 1962, le Japon sortait à peine du traumatisme de la défaite. Les jeunes, tels l’aîné de Sushei, rêvaient de réfrigérateur et de clubs de golf. Les femmes vivaient encore sous la domination des hommes. Yasujiro Ozu pénètre dans l’intimité d’une famille, et nous laisse voir le changement en profondeur qui, silencieusement, transforme cette société.