Le jeune Karl Marx

« Le jeune Karl Marx », film de Raoul Peck, retrace les années de jeunesse de Karl Marx, de son installation à Paris quand il avait 25 ans jusqu’à la publication du Manifeste Communiste avec Friedrich Engels cinq ans plus tard, en 1848.

Le film raconte la rencontre de Karl Marx (August Diehl) et de Friedrich Engels (Stefan Konarske). L’un et l’autre, sensibles à la brutalité d’un capitalisme qui ramène tout à l’argent et asservit des enfants au travail de nuit en usine, sont en révolte contre leur classe sociale. Karl a épousé Jenny (Vicky Krieps), une aristocrate de Trêves. Friedrich travaille à Manchester comme fondé de pouvoir de son père, propriétaire et directeur d’une usine textile.

Les femmes jouent un rôle important dans leur histoire. Jenny, qui donne à Karl deux filles, s’engage à fond dans son combat. Quant à Mary Burns (Hannah Steele), leader du mouvement de contestation dans l’usine Engels, elle devient le grand amour, compliqué, de Friedrich.

Peu à peu, la pensée des deux hommes se structure. Face à Proudhon (Olivier Gourmet), ils récusent l’idée que « la propriété, c’est le vol ». La propriété est un bien dès lors qu’elle devient commune, d’où l’idée de communisme. C’est l’appropriation de la richesse par la bourgeoisie et l’exploitation du prolétariat qui explique la misère ouvrière.

Peu à peu, Marx et Engels parviennent à imposer à la Ligue des Justes une ligne politique visant à renverser les rapports de production actuels par l’appropriation collective des moyens de production. La ligue devient « communiste ». Elle aura son manifeste, écrit par les deux hommes.

Le film de Raoul Peck donne un salutaire coup de jeune à l’image de Marx et Engels, que le communisme soviétique avait transformés en vieillards de marbre. On les voit passionnés, amoureux, courageux. S’ils ont su, en leur temps, susciter l’enthousiasme des masses et transformer le monde pour des décennies, c’est parce qu’ils étaient eux-mêmes des croyants en la cause de la révolution.

Marx et Engels ont d’emblée une vision internationale. Ils dominent parfaitement l’allemand, le français et l’anglais, au point que dans l’intimité de leurs propres couples, il leur arrive de commencer une phrase dans une langue et de la conclure dans une autre.

Karl Marx, donné pour définitivement mort après la chute du communisme, connait aujourd’hui un regain d’actualité. Face à l’intensité et la répétition des crises qui secouent le capitalisme, on éprouve le besoin de relire les classiques. Il est incontestablement l’un d’entre eux, aux côtés d’Adam Smith et Ricardo. Le film de Raoul Peck a le mérite de le replonger dans son contexte historique et dans son humanité.

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