France 4 Culturebox a récemment diffusé « le magasin des suicides », film d’animation réalisé par Patrice Leconte en 2012 d’après le livre de Jean Theulé.
Dans une ville écrasée par la tristesse, un magasin se singularise par son aspect pimpant, comme une boutique de farces et attrapes : le magasin des suicides, tenu de génération en génération par la famille Tuvache.
Il y a le père, Mishima (prénommé d’après Yukio Mishima, suicidé par harakiri), la mère Lucrèce (d’après la célèbre empoisonneuse), les enfants, Vincent, Marilyn et Alain (d’après les célèbres suicidés Van Gogh, Monroe et Turing). On accueille les clients par « mauvaise journée ! » On propose tout ce qu’il faut pour mettre fin à ses jours : cordes, poisons, armes à feu, poignards.
Le slogan de la maison est : « « vous avez raté votre vie, réussissez votre mort. » Sa fière devise : « au magasin des suicides, un client satisfait ne revient jamais ». Le service après-vente est d’ailleurs assuré par les enfants Vincent et Marilyn, qui grimpent sur les réverbères à hauteur des appartements où le client absorbe le poison fatal.
Une catastrophe atteint la famille Tuvache lorsque naît Alain, un enfant rieur, heureux de vivre. Le business est en péril ! Lorsqu’il accompagne (service après-vente) un client qui a décidé de se jeter d’un pont dans une rivière, lesté d’un poids d’acier acheté à la maison des suicides, il a scié la chaîne qui devait relier le poids à sa cheville.
« Le magasin des suicides » est un film formidable. Le choix de l’animation permet d’accentuer le caractère sordide des personnages et des situations au point de les rendre délicieusement absurdes. Patrice Leconte a aussi adopté le style de la comédie musicale, avec l’aide du compositeur Étienne Perruchon. « J’ai pensé tout de suite, dit-il, que cette fantaisie devait être musicale. C’est une vieille envie, celle de faire un film musical. Le projet s’y prêtait parce que ça me permettait de faire un film très noir et très joyeux. »