Le mensonge

« Le mensonge », comédie de Florian Zeller, explore la question de l’opportunité, et de la possibilité même, de dire toujours la vérité au sein du couple.

Paul (Pierre Arditi) et Alice (Évelyne Bouix) attendent pour dîner Michel (Jean-Michel Dupuis) et Laurence (Josiane Stoléru), leurs amis intimes. Alice souhaite annuler ce dîner in extremis car, dit-elle, elle se sentira mal à l’aise à l’égard de Laurence : elle a vu Michel embrasser une autre femme cet après-midi. Son amitié pour Laurence ne commande-t-elle pas de lui dire la vérité ?

Les invités se présentent à l’avance et il n’est plus possible d’annuler. Paul est sur des charbons ardents. Il veut à tout prix empêcher Alice de mettre les pieds dans le plat. Mais pourquoi est-il tétanisé ? Entend-il simplement protéger Michel et éviter à Laurence de souffrir ? Ou bien pressent-il que va s’ouvrir une boîte de Pandore et que ses propres écarts de conduite vont être bien vite mis au jour ?

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Pierre Arditi et Evelyne Bouix dans « Le mensonge »

Une mécanique infernale se met en effet en marche. On passe de petits à de grands mensonges. On tente d’expliquer que la faute qu’on vient d’avouer n’est qu’une fable. On confesse qu’il est vrai que tout est faux.

Il devient impossible de distinguer la vérité du mensonge. Il ne reste plus, à Alice et Paul, qu’à faire semblant qu’ils se disent toujours la vérité, toute la vérité, tout en sachant pertinemment que l’autre ment effrontément.

Si le spectateur rit beaucoup à la comédie bien enlevée écrite par Florian Zeller, il est aussi troublé par sa propre incapacité à distinguer ce qui s’est vraiment passé des affabulations des protagonistes.

Le thème du mensonge est actuel. Les gens sont de plus en plus incités à se présenter sans fard dans le happening permanent des réseaux sociaux ; mais ils sont aussi nombreux à se sentir manipulés par de gigantesques complots planétaires. Ils sont ballotés entre le rêve d’une impossible transparence et la crainte de forces obscures. Alice, Paul, Laurence et Michel apprennent, dans leurs vies entrecroisées, qu’une dose d’opacité peut être salutaire.

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