Le métro londonien fête ses cent cinquante ans. Il transporte actuellement plus d’un milliard de passagers chaque année.
Le quotidien The Guardian marque cet anniversaire par une jolie galerie de photos. Le premier tronçon du métro, ouvert le 9 janvier 1863, joignait la gare de Farringdon à celles de Kings Cross, Euston et Paddington. Les trains étaient tractés par des locomotives à vapeur. Ils effectuaient une partie du parcours dans des tranchées, et le reste dans de vastes tunnels, dont le gabarit n’avait rien à voir avec celui des « tubes » construits lorsque se généralisa la traction électrique. La station de Baker Street sur la Hammersmith & City line est restée telle qu’elle était à l’origine, avec son ample voûte sombre.
Le métro est profondément inscrit dans la mémoire des Londoniens. La carte du réseau en forme de diagramme, dessinée par Harry Beck en 1933, est devenue une icône de l’art décoratif moderne. Les stations de métro furent transformées en abri antiaérien durant le Blitz de 1940. Le 7/7/2005, des terroristes placèrent des bombes dans plusieurs convois.
Le métro fait aussi partie du quotidien des habitants de Londres. Le cap du milliard de passagers annuel a été franchi en 2007. Les habitants de la ville et de son immense banlieue subissent la cohue des heures de pointe. Ils sont à la merci d’arrêts inopinés du service, relativement fréquents sur un réseau à la limite de sa capacité. Ils souffrent d’interruptions le week-end pour des travaux de maintenance. Ils payent un prix astronomique : £4,50, soit €5,40 pour le billet à l’unité soit plus du triple du billet de métro RATP. Et pourtant, ils aiment leur métro et affichent leur Oyster Card (carte-huître, supportant une grande variété de formules d’abonnement) comme un trophée.
Pendant cinq ans, nous avons été utilisateurs habituels de la Metropolitan Line, de Watford à Baker Street ou Liverpool Street. Les anciennes rames, construites dans les années soixante et marquant au compteur des millions de miles, brinquebalaient, grinçaient, laissaient entrer de grandes vagues d’air froid lorsqu’à chaque station toutes les portes s’ouvraient tout grand. De nouvelles les ont remplacées, silencieuses, climatisées et fonctionnelles. Nous avons encore en tête le chapelet des stations, Croxley, Moor Park, Harrow on the Hill, Wembley Park, Finchley Road et une bonne dizaine d’autres s’égrenant au long d’interminables 40 à 60 minutes de trajet.
Nous nous rappelons les supporters de football à Wembley, les familles pendant les vacances scolaires, les jeunes filles en tenues extravagantes le samedi soir, le journal « Métro » laissé sur la banquette, les lecteurs absorbés par leur livre électronique, les passagers en conversation intime sur leur « mobile phone » avec leur petite amie. Un soir de concert classique en ville, nous retrouvâmes un violoniste dans les mêmes rames que nous, d’une correspondance à l’autre jusque Watford. Le métro de Londres fait partie de notre histoire. Nous en respirons encore son odeur, entendons ses bruits, sommes pénétrés de son ambiance.
Bon anniversaire, The Tube !