Le poids des morts

« Le poids des morts » (El peso de los muertos, 2006), roman de Victor del Árbol, est situé en novembre 1975, alors que Franco est mourant et que le système qu’il a mis en place est en pleine crispation.

 Lucia de Dios vit à Vienne avec son mari Andrés. Un ami de Barcelone lui révèle une nouvelle ahurissante : Nahum Marques, exécuté au garrot en 1945 pour avoir empoisonné son amante, serait vivant sous le nom de Liviano dans une prison-asile pour aliénés.

 Marques a partie liée avec la vie de de Lucia, en particulier avec l’assassinat de son père, syndicaliste torturé et retourné par la police politique. Trente ans après les faits, Lucia retourne à Barcelone pour renouer les fils de son passé.

Un personnage clé de cette histoire est Ulysse le Maure. Né au Maroc, il s’était engagé dans l’armée espagnole lors de la guerre du Rif, avait gravi les échelons, était devenu commissaire dans la police politique. « Savoir des choses que les autres ne savaient pas lui donnait ce pouvoir. Pouvoir de décider à quel moment, et comment, varierait le cours de la vie des autres. » À Juan de Dios, il annonce que sa fille Lucia n’est plus sa fille, qu’il lui appartient désormais, qu’il pourra abuser d’elle à sa guise.

 « Goya te plait-il ? demande Ulysse à Lucia, qu’il torture en novembre 1975. C’était un type qui devinait bien les couleurs de la danse de la mort ». Pour Ulysse, la salle de torture était un « laboratoire dans lequel, par la vertu de l’art de l’alchimie, la douleur se convertissait en vérité ».

Lucia découvre la prison-asile de Liviano. Ce ne sont pas les grilles rouillées ou les portes grinçantes qui la bouleversent. C’est l’odeur d’eau de javel et l’éclairage au néon qui diffuse « la luminosité d’un jour de neige ».

 « Le poids des morts » est un livre bien construit, dans lequel le lecteur découvre peu à peu ce qui s’est passé en 1945, ce qui conduit Lucia à revenir à Barcelone trente ans plus tard et ce qui, dans les heures de la mort de Franco, se passe pour elle et pour les protagonistes de son histoire.

Victor del Arbol

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