Le film « Les Acacias » de l’Argentin Pablo Giorgelli (2011) nous raconte, presque sans paroles, la naissance d’une relation entre un homme et une femme meurtris par la vie, par la magie d’une fillette de quelques mois.
Rubén (Germán De Silva), homme d’une quarantaine d’années, est chauffeur routier. Au volant d’un camion datant des années soixante, cahotant et bruyant, il conduit un chargement de bois d’acacia du Paraguay à Buenos Aires. Son patron lui a demandé de prendre comme voyageuse Jacinta (Hebe Duarte), mais ne l’a pas informé que Jacinta emmènerait avec elle son bébé de cinq mois, Anahi.
Le début du voyage est éreintant. Rubén ne supporte pas les cris de la petite fille affamée ni les pauses nécessaires pour lui faire prendre son biberon et la changer. Mais Anahi, avec ses yeux tout noirs grands ouverts, est fasciné par cet homme concentré et silencieux. Peu à peu le rempart se fissure. Rubén apprend que Jacinta s’est mise en route pour trouver du travail en Argentine et fuir la misère, et qu’Anahi n’a pas de papa ; Jacinta apprend que Rubén est père d’un garçon qu’il n’a pas vu depuis huit ans.
Tout dans ce film, qui n’a pour seule bande sonore que le bruit lancinant du camion d’acacias, est dans les regards qui s’évitent et se rencontrent, la main calleuse du chauffeur routier rencontrant celle de la fillette, une bouteille d’eau partagée. Il semble ne rien se passer, et pourtant dans le huis-clos de la cabine du camion se joue, peut-être, la naissance d’un amour.
Photo du film « Les Acacias ».