Les cellules d’Absalon

Le musée d’art contemporain de la ville de Bordeaux (CAPC) consacre jusqu’au 2 janvier 2022 une exposition consacrée à l’artiste Absalon, en particulier aux « cellules » dont il souhaitait faire son habitat.

 Absalon est le pseudonyme de l’artiste franco-israélien Esher Meir, né en 1964 à Ashod en Israël et mort du sida à Paris en 1993. L’exposition au CAPC présente plusieurs de ses œuvres, vidéos et maquettes de cellules, aux côtés d’œuvres d’autres artistes.

 Les maquettes de « cellules » sont réalisées en bois et peintes en blanc. Elles ont une surface d’environ 9 m², et sont conçues pour que l’occupant puisse satisfaire ses besoins essentiels : se nourrir, se laver, se reposer, travailler. Rien de superflu n’entre dans un volume si restreint. En ce sens, le projet d’Absalon est politique : il vise à créer un îlot vital, permettant à l’individu d’échapper aux « assignations » sociales, qu’elles soient sexuelles, religieuses, politiques ou idéologiques.

Maquette de cellule d’Absalon

Les cellules sont proportionnées au corps de l’artiste. Les formes sphériques sont utilisées dans plusieurs d’entre elles, dans une recherche de quiétude et de plénitude, évoquant les coupoles de cathédrales ou de mosquées.

 Absalon souhaitait construire véritablement des cellules dans lesquelles il aurait vécu au gré de ses déplacements, à Paris, New-York, Francfort, Tel-Aviv et Zurich, mais la maladie ne lui permit pas de transformer son projet artistique en projet de vie.

 Visiteur de prison, j’ai été particulièrement sensible aux « cellules » d’Absalon. Comme celles de l’artiste, les cellules pénitentiaires ont une surface d’environ 9 m². Mais, outre qu’elles sont habitées par deux, et parfois trois occupants, elles sont un lieu de vie assigné et subi. Le prisonnier y vit souvent 22 heures sur 24, et subit la violence institutionnelle de l’enfermement.

 Pour Absalon au contraire, la cellule est un lieu d’expérimentation corporelle, sensorielle et spirituelle. Il retrouve, dans son art, quelque chose de la vie monastique, transposée dans un univers où l’individu est le point de repère par excellence dans son effort désespéré pour se libérer des conditionnements communautaires.

Cellule à la prison de Fresnes

 

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