Les Combattants

« Les Combattants », premier long-métrage réalisé par Thomas Cailley, est un film original, émouvant et drôle.

 Voir une fiction prendre place dans un environnement familier procure l’étrange sensation que son chez-soi est habité et transformé par d’autres. La première partie du film « Les Combattants » de Thomas Cailley a pour cadre Maubuisson, le lac de Carcans Hourtin et Lacanau Océan, notre chez-nous depuis près de vingt ans.

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Madeleine (Adèle Haenel) est une jeune intellectuelle qui s’est convaincue que la fin du monde est proche, en raison de catastrophes écologiques imminentes. Mais elle ne se résigne pas. Si quelques humains doivent survivre, elle sera de ceux-là. Encore faut-il s’y préparer, s’habituer à souffrir, malmener son corps, s’entraîner. Une préparation militaire à l’armée est une étape de cette propédeutique.

 Arnaud (Kévin Azaïs) travaille pendant l’été dans l’entreprise familiale qui produit des abris de jardin en bois de pin. À vrai dire, il n’est pas bien sûr que ce soit sa voie. Projette-toi, lui dit sa mère, mais pas plus que sa bande de copains désabusés, il cherche à se construire un avenir.

 Madeleine est cérébrale, tout entière tendue vers son projet de survie, masochiste, butée. Arnaud est manuel, sensible, insouciant. Il est fasciné par la jeune femme, au point de s’inscrire avec elle au stage de préparation militaire. Peu à peu, elle désarmera ; peu à peu, il s’appropriera le projet de survie.

 « Les Combattants » est un beau film, avec un scénario original et solide, des moments de franche hilarité et deux acteurs remarquables, en particulier Adèle Haenel, presque bestiale dans sa volonté de résister à l’inévitable catastrophe et touchante lorsque, tout doucement, elle découvre le bonheur d’être deux sur la rive d’un ruisseau à laisser filer le temps.

 Une très belle scène du film est la séance de maquillage, au centre de préparation militaire. Arnaud doit grimer le visage de Madeleine d’argile grise, à des fins de camouflage. Le vacarme de la caserne fait place à un silence impressionnant. Dans un rayon de lumière, le visage de Madeleine est rendu totalement opaque par le masque de terre. Elle ouvre les yeux comme si pour la première fois elle découvrait le monde, et au centre du monde, Arnaud.

 

A Maubuisson...
A Maubuisson…

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