Les damnés de la Commune

Arte TV a récemment diffusé, à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la Commune de Paris, « Les damnés de la Commune », film réalisé par Raphaël Meyssan sur la base du roman graphique en trois volumes qu’il avait publié.

C’est une œuvre cinématographique unique que propose Raphaël Meyssan. Pendant huit ans, il a accumulé des gravures d’époque et les a assemblées dans un ordre chronologique, en donnant la parole à Victorine Brocher, une militante de la Commune ayant échappé à la mort et à la déportation.

« La caméra plonge dans ces dessins magnifiques, émouvants et subtilement animés, puis zoome, scrute et caresse pour restituer cette tragique épopée dans le moindre de ses détails en une fresque prodigieuse », lit-on dans la présentation du film sur le site d’Arte. Du point de vue esthétique et émotionnel, ce film est une réussite.

Il permet aussi au téléspectateur de vivre les événements qui se succèdent du 3 septembre 1870, la défaite de Sedan et la capture de l’empereur Napoléon III par les Prussiens, à l’écrasement de l’insurrection populaire le 28 mai 1871.  Le film commence par une évocation des dernières années du second Empire : une libéralisation du régime permet l’expression d’une colère sociale née d’un puissant sentiment d’injustice. La bourgeoisie s’est enrichie, la misère reste le lot du plus grand nombre. Pour détourner cette colère, l’Empereur déclare la guerre à la Prusse, mais la guerre tourne au fiasco.

Le Parlement se réfugie à Bordeaux et vote à une grande majorité un traité de paix qui impose le paiement à la Prusse d’une somme astronomique et lui cède l’Alsace et la Lorraine. À Paris et dans plusieurs grandes villes, dont Marseille, le peuple refuse le traité de paix. Le gouvernement dirigé par un ancien ministre de Louis Philippe, Adolphe Thiers, se replie à Versailles.

Les premières tentatives de déloger les émeutiers par la force se soldent par des fraternisations avec les soldats et une piteuse retraite. Un Conseil de la Commune est élu le 26 mars 1871. Il met en place des réformes audacieuses : politique sociale, droit à l’instruction gratuite, égalité des sexes, séparation de l’Église et de l’État. Les Prussiens, qui occupent le nord de la France jusqu’aux portes de Paris, libèrent des milliers de prisonniers qui renforcent l’armée versaillaise.

L’armée versaillaise écrase la révolution dans le sang. On compte des milliers de victimes, dont beaucoup de fusillés. Dans les mois qui suivirent, des procès devant des cours militaires se conclurent par des exécutions capitales et des déportations, dont plus de 3 000 vers la Nouvelle Calédonie. Le maire de Paris en fonctions après la capitulation reprend ses fonctions. Son nom : Jules Ferry.

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