Le Grand Palais présente jusqu’au 19 mars 2025 une exposition intitulée « les frémissements de l’âme » (The soul trembles), consacrée à l’artiste japonaise Chiharu Shiota.
Née en 1972 au Japon, l’artiste vit et travaille à Berlin. Elle est surtout connue pour la création de volumes à partir de fils de couleur, généralement rouges ou noirs. Pour certaines de ses installations, ce ne sont pas moins de 200km de fils qui sont utilisés par une équipe de dix personnes.
Dans une interview pour Connaissance des arts, l’artiste s’explique sur son utilisation du fil. « Mon fil est le crayon dans lequel je dessine en trois dimensions. Parfois, il tisse une protection, ou une connexion (…) Je veux que le public se sente libre de ressentir ce qu’il veut. En ce qui me concerne, j’y vois surtout des connexions. Et, à l’image de toutes les connexions humaines, le fil est parfois emmêlé, relâché, rompu ou bien tendu. »
Le visiteur est frappé, en parcourant l’exposition, par la variété des médias que Chiharu Shiota a utilisés. Elle a rapidement abandonné la peinture, par laquelle elle avait commencé son parcours artistique. Elle s’est photographiée immergée dans la boue ou dans une peinture rouge. Elle a créé de nombreux décors de théâtre. Une de ses installations utilise des crânes de bœufs et des œufs, une autre de vieilles chaussures.
J’ai été ému par une œuvre vidéo de 2010 intitulée « Wall ». L’artiste est couchée nue, enveloppée de vaisseaux sanguin qui l’entravent : les liens du sang peuvent constituer une geôle.
L’œuvre de Chiharu Shiota dégage une puissante émotion. C’est qu’elle est directement issue de son expérience de la vie et de la mort. « Lorsque le cancer est revenu, dit-elle dans la même interview, ma fille n’avait que dix ans et mon angoisse s’énonçait très simplement : comment va-t-elle pouvoir vivre sans sa mère ? Voilà ce qui était au cœur de mon travail à ce moment-là. Ma création évolue en même temps que ma vie. »