« Les graines du figuier sauvage », film réalisé par l’Iranien Mohammad Rasoulof , a obtenu le prix du Jury au Festival de Cannes 2024.
En 2022, il y a à Téhéran une famille heureuse, un couple et ses deux filles, une étudiante et une lycéenne. Iman (Missagh Zareh), le père, vient d’être promu juge d’instruction auprès du tribunal révolutionnaire, où il mène depuis 20 ans une carrière exemplaire. C’est la perspective d’une solide augmentation de salaire et d’un grand logement de fonction.
Cette promotion, cependant, est lourde de menaces. Iman reçoit l’ordre de demander la mort d’un accusé sans avoir lu le dossier. Il devra porter une arme car ses nouvelles fonctions le mettent en danger. Sa femme et sa fille devront s’abstenir de tout contact avec des personnes suspectes d’opposition au régime.
Iman est promu au moment où se déclenchent les émeutes qui suivent la mort de la jeune Jina Mahsa Amini aux mains de la police des mœurs qui l’accusait d’avoir porté son voile de manière impudique. Ses deux filles Rezvan (Mahsa Rostani) et Sana (Setareh Maleki) sympathisent avec le mouvement « Femme, Vie, Liberté ! ».
Sadaf, une amie étudiante, est recueillie par les deux filles en cachette de leur père et soignée par leur mère Najmeh (Soheila Colestani) après avoir été défigurée par des tirs de chevrotine. La situation au sein de la famille devient intenable lorsque l’arme de service qu’Iman avait placé dans le tiroir de sa table de nuit disparaît. Qui de Najmeh, Rezvan ou Sana s’en est emparée, et pourquoi ?
Iman sombre dans la paranoïa. Plus que la ruine de sa famille, il craint le discrédit, la fin de sa carrière professionnelle. Il se fait juge d’instruction à charge de sa femme et de ses filles, caméra vidéo à l’appui.
Les dernières scènes du film, thriller dans les ruines d’un village abandonné au milieu d’un désert, sont sublimes. La dictature théocratique peut endiguer un moment les aspirations du peuple, mais elle mène à son propre désastre.
