La base sous-marine de Bordeaux présente jusqu’au 13 décembre une exposition du photographe Ferrante Ferranti intitulée « itinerrances ».
Né en 1960 en Algérie d’une mère sarde et d’un père sicilien, élevé à Perpignan, Ferrante Ferranti se dit heureux de ne pas avoir de racines dans un territoire déterminé et d’avoir ainsi eu la liberté de devenir un citoyen du monde. En réalité, sa biographie démontre l’affection particulière qu’il porte à la Sicile, ce poumon de la Méditerranée où plusieurs civilisations ont laissé le meilleur d’eux-mêmes. « Le Radeau de la Gorgone », écrit avec Dominique Fernandez en 1988, témoigne de cette affection.
L’exposition à la base sous-marine présente 150 photographies. On y trouve la fascination originelle de l’artiste pour la lumière, celle qui à l’Équinoxe traverse le temple d’Abou Simbel ou pénètre dans le vitrail central des absides des abbatiales romanes. On partage la fascination de Ferranti pour l’art baroque, dans son exaltation de « l’éros solaire », le corps prêt à l’échange sexuel et aussi le corps du Christ plongé dans la terreur de la passion.
Le photographe capture des moments éphémères, des instants décisifs et précieux, dans lesquels se révèle l’éternité. Il nous parle de ses errances, des lieux qu’il aime sur les cinq continents, et naturellement de la Sicile : « Par mes origines siciliennes, un sang arabe coule dans mes veines. Aux portes du Moyen-Orient, la Sicile a gardé les traces de la civilisation qui s’est déployée sur les rives sud-est de la Méditerranée. L’hospitalité, la musique, le temps réinventé, voilà ce qui me donne sans cesse, du Maroc à l’Iran, le sentiment d’être chez moi. »
Il évoque enfin le sacré, qui occupe une place centrale dans la vie d’un bénédictin comme d’un moine bouddhiste ou un musulman soufi. « Quelle que soit la posture, le corps est en harmonie avec la personne qui médite ou qui prie », dit Ferranti, qui retranscrit par la photographie la beauté de ces corps qui se disposent pour accueillir le divin.
La base sous-marine de Bordeaux accueille chaque année plusieurs expositions d’arts visuels. Le visiteur a l’impression de s’enfoncer dans l’obscurité d’une grotte primitive, dans le ventre de la terre mère. L’hymne à la lumière que diffusent les photographies de Ferrante Ferranti peut difficilement trouver un cadre plus adéquat.