Avec « les jeunes amants », Carine Tardieu met en scène la force gravitationnelle irrésistible d’un amour a priori impossible. Elle reprend un projet que Sólveig Anspach, décédée en 2015, n’avait pu mener à bien.
Pierre (Melvil Poupaud), médecin dans un hôpital lyonnais, vit comme un choc sa rencontre à la cafétéria avec Shauna (Fanny Ardant) dont la meilleure amie se meurt. On le saura plus tard dans le film, il est lui-même sous le choc du décès de son second enfant, encore bébé.
Quinze ans plus tard, à l’occasion d’un congrès médical en Irlande, Georges (Sharif Andoura), collègue et meilleur ami de Pierre, emmène celui-ci rencontrer une amie dans son cottage isolé au bord de l’océan. Celle-ci s’avère être Shauna. Pierre est fasciné par cette femme de vingt-cinq ans son aînée.
Pierre est marié à Jeanne (Cécile de France), une belle femme qui est aussi sa collègue à l’hôpital. Ils ont une grande fille en pleine crise d’adolescence et un jeune garçon. Ils ont tout d’une famille normale, d’une famille heureuse.
Pour Pierre, pourtant, commence une période d’intranquillité. Un soir de réunion à Paris, il ne rejoint pas Georges dans le TGV de retour. Shauna résiste : elle est vieille, elle vit sous la menace d’un Parkinson qui la vaincra un jour. Entre ces deux êtres l’attraction est plus forte que tout.
Pierre aime Jeanne, avec qui il a fait sa vie. Quand celle-ci apprend qu’elle est délaissée pour une septuagénaire, sa vie est dévastée. Par amour, Shauna tente d’éloigner Pierre afin de lui éviter la souffrance de son déclin et de sa mort. Pierre ne peut plus vivre avec Jeanne, il ne peut plus se passer de Shauna.
« Les jeunes amants » est un film magnifique. Carine Tardieu voit en Fanny Ardant cette « femme flamboyante qui traverse l’existence sur la pointe des pieds ». Quant à Melvil Poupaud, il incarne un personnage profondément droit, solide dans son métier de médecin et dans son métier de père, mais qui recèle au fond de lui-même une brèche qui ne se réduira pas.
