« Les lignes courbes de Dieu », thriller du réalisateur Oriol Paulo disponible sur Netflix, s’inspire librement du roman « Los renglones torcidos de Dios », de Torcuato Luca de Tena, dont « Transhumances » a publié une recension en 2010.
Les points de départ du roman et du film sont identiques. Une femme d’une quarantaine d’années, Alice Gould de Almenara (joué à l’écran par Bárbara Lennie), est admise dans un vaste hôpital psychiatrique. Elle prétend avoir manipulé son mari et son médecin de famille pour s’infiltrer comme détective et enquêter sur le meurtre d’un malade.
L’avis du directeur de l’hôpital, le docteur Samuel Alvar (joué par Eduardo Fernández) est différent. Alice serait une paranoïaque gravement malade, dangereuse en proportion de sa redoutable intelligence.
Comme dans le livre, Alice gagne la sympathie d’un malade, Iñaki, et de deux psychiatres. Mais le film s’écarte délibérément du livre. Celui-ci s’intéressait aux pathologies et Alice, fascinée, décidait de rester dans l’hôpital jouer le rôle maternel que ne jouerait plus Montse, la psychiatre partie au Carmel.
Dans le film, elle met au contraire en œuvre des stratégies pour s’échapper. Le réalisateur Oriol Paulo brouille les cartes. Le présent semble précéder le passé. Alice dit être venue pour élucider un crime, mais celui-ci se passe alors qu’elle est déjà internée, qu’elle a mis le feu à l’établissement et qu’elle s’est faite passer pour le médecin légiste.
Les vérités d’Alice sont à géométrie variable : est-elle entrée à l’hôpital selon ses desseins, avec l’appui du directeur ? Ou bien son mari a-t-il organisé son hospitalisation contrainte pour mettre la main sur sa fortune, en corrompant le médecin de famille et le docteur Alvar ?
Le spectateur se fera sa propre opinion. Et il ne sera pas aidé par le coup de théâtre à la toute fin du film, alors que tout semblait s’éclaircir.