Dans le cadre du magazine « Horizons », diffusé en Guadeloupe, France Télévision a programmé « Les Mots de l’Ombre », documentaire de Céline Malraux.
Pendant plusieurs semaines, la caméra a suivi deux bénévoles de l’association « Lire pour en sortir » venues à la rencontre d’hommes détenus à la prison de Baie-Mahault, près de Pointe à Pitre.
Les rencontres sont hebdomadaires. Les détenus sont volontaires pour cette activité « lecture ». Certains sont incarcérés dans l’unité des détenus violents ; d’autres sont à l’isolement, sans contact avec les autres prisonniers.
Le principe des rencontres est qu’elles s’appuient sur un livre choisi en commun. Un détenu commente le roman « les villages de Dieu » de l’Haïtienne Emmelie Prophète. C’est un livre de sagesse et développement personnel, « quatre accords toltèques » de Miguel Ruiz, que commente un autre détenu.
Erri de Luca, qui a lui-même connu la prison, a écrit « quand tu es en prison, il y a deux moments où tu n’y es pas : quand tu dors, et quand tu lis. » Il soulignait la puissance d’évasion de la lecture, qui a une signification particulière lorsqu’on est confiné entre des murs, parfois pour de longues années.
C’est curieusement un aspect presque antagonique à l’évasion que des détenus interrogés par les bénévoles mettent en lumière : la recherche de repères, l’enracinement. L’un d’entre eux dit que lire lui permet de s’abstraire du tumulte ambiant et de d’explorer des moments de sécurité du temps de son enfance. « Je resterai toujours au fond de moi l’enfant turbulent que j’étais. »
Le documentaire s’achève par un slam de Tim. « J’ai le pouvoir d’y croire, même s’il fait noir… à l’ombre de moi-même ».
Céline Malraux, la réalisatrice, loue l’action des bénévoles en prison. « Au cœur du système marchand, l’acte gratuit du don de soi est crucial pour inclure ceux qui restent aux marges et rendre possible l’évolution de la société. »
