« Les nouveaux sauvages », film argentin de Damián Sczifron sorti en France il y a un an, est un chef d’œuvre d’humour noir.
Il s’agit d’un film à sketchs, dont le point commun est un ou plusieurs personnages qui, soudain, « pètent un plomb » et déclenchent une série de catastrophes.
Le premier « module » de ce film se déroule d’un avion. Au fil des conversations, les passagers découvrent qu’ils ont tous été en relation avec un déséquilibré du nom de Pasternak, et qu’ils n’ont pas été tendres avec lui. Ils découvrent aussi que le dénommé Pasternak se trouve dans le cockpit de l’appareil…
Dans « les souris », une serveuse est incitée par la cuisinière à mettre de la mort aux rats dans le plat qu’elle va servir à un homme qui a provoqué la ruine de sa famille. Dans « le plus fort », on assiste au combat mortel de deux automobilistes, dont la rage a été déclenchée par un simple doigt d’honneur ; dans leurs véhicules en flamme, leurs cadavres calcinés sont enlacés, ce qui fait émettre à un policier l’hypothèse d’un crime passionnel.
À cause de la mise en fourrière de son véhicule, et parce qu’il la considère comme injuste, un homme spécialiste de l’implosion des bâtiments vétustes s’affronte à l’administration, perd son sang-froid, sa femme et son emploi et finit par poser une bombe.
Pour éviter la prison à son fils, qui a tué une femme enceinte au volant de sa voiture, un bourgeois richissime propose à son jardinier d’assumer la responsabilité de l’homicide contre un demi-million de dollars, et, aidé par un avocat véreux, corrompt le procureur.
Une femme apprend pendant la soirée de son mariage que son mari la trompe avec l’une des femmes invitées à la noce. Transformée en furie, elle fait de la fête un cauchemar.
On rit beaucoup pendant ce film, mais c’est un rire qui nait de l’absurdité de situations atroces. Le plus souvent, la folie génère la mort pure et simple. Il arrive aussi que, par un retournement imprévu, le geste insensé du poseur de bombe lui regagne l’admiration de sa femme ou que le mariage gâché déchaîne entre les époux un désir charnel aussi brutal que la tornade de haine qui a dévasté la fête.
« Relatos salvajes » (« récits sauvages », titre traduit en français « les nouveaux sauvages » pour rappeler « les nouveaux monstres ») est un film original, haletant, servi par une mise en scène brillante et des interprètes remarquables. On retiendra en particulier Ricardo Darín dans le personnage de « Bombita », Erica Rivas dans celui de la mariée et Oscar Martinez comme bourgeois prêt à toutes les perversions.