Les parfums

France 3  a récemment diffusé « Les parfums », film réalisé en 2019 par Grégory Magne. Il met en scène la rencontre improbable d’une inventeuse de parfums privée de son « nez » par une maladie et d’un chauffeur VTC menacé de perdre son permis de conduire.

Anne Walberg (Emmanuelle Devos) fut une célébrité mondiale lorsqu’elle créait des parfums pour les grandes marques mondiales du luxe. Une déficience du nerf olfactif l’a privée de fiabilité. Elle est réduite à exécuter les contrats que lui déniche Jeanne (Pauline Moulène), son agent : parfumer un supermarché, combattre la mauvaise odeur d’un nouveau sac à main, imaginer des solutions pour réduire la pestilence d’une usine pétrochimique.

Guillaume Favre (Grégory Montel) est dans une situation difficile. Il est chauffeur VTC, mais ne détient plus qu’un point sur son permis de conduire. Il lui faudrait travailler bien plus pour se permettre de louer un appartement plus grand que son actuel studio et accueillir sa fille de dix ans en alternance, une semaine sur deux.

Guillaume est affecté au service de « Mademoiselle Walberg ». Les débuts sont difficiles, la patronne étant riche en exigences et pauvres en remerciements. Peu à peu, pourtant, elle décèle dans cet homme des qualités remarquable : il réagit efficacement quand elle est sauvagement agressée dans la rue. Il prend l’initiative d’intervenir dans son sens dans une négociation commerciale. Il est curieux, pose des questions sur l’univers du parfum.

Peu à peu, la relation change de nature. Lorsque Guillaume perd son permis de conduire pour avoir conduit sa patronne aux urgences de l’hôpital au mépris des limitations de vitesse, le chauffeur devient collaborateur. Il passe sur la banquette arrière des VTC. Anne Walberg peut croire de nouveau en son rêve impossible : créer des parfums. Certes, son nez pourra, occasionnellement, lui faire défaut. Mais elle a désormais un associé capable d’évoquer pour elle une catastrophe professionnelle.

 

Le personnage joué par Emmanuelle Devos est émouvant. D’abord intoxiquée par l’isolement social, le mépris des gens ordinaires et le sentiment d’un échec personnel, elle fait peu à peu confiance en un homme qui la remet peu à peu sur les rails. Dans un restaurant, Guillaume admoneste Anne : « vous ne pourriez pas pour une fois dire deux mots aimables ? » « Merci… merci » marmonne Anne.

Guillaume, lui aussi, sort peu à peu d’une situation menaçante. Quand il emmène sa petite fille au bord de la mer, c’est une résurrection.

La musique du film, signée Gaétan Roussel, participe à rendre ce film délicat et particulièrement attachant.

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