Dans « les passagers de la nuit », le réalisateur Mikhael Hers rend le spectateur témoin de la lente reconstruction d’une femme, jouée par Charlotte Gainsbourg, abandonnée par son mari.
En mai 1981, Elisabeth Davies (Charlotte Gainsbourg) n’a pas le cœur à participer à la liesse populaire qui accompagne l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Son mari est parti vivre avec une autre femme. Elle reste seule, effondrée, avec son fils Mathias (Quito Rayon Richter) et sa fille Judith (Morgan Northam), l’un et l’autre presque adultes, dans leur grand appartement d’une tour de Beaugrenelle à Paris.
Elisabeth n’a jamais travaillé. Auditrice des « passagers de la nuit », l’émission nocturne par laquelle Vanda Dorvals (Emmanuelle Béart) se met à l’écoute de personnes souvent paumées, elle lui propose ses services et est engagée comme standardiste.
Mathias et Judith l’inquiètent. Mathias a une âme de poète, il glisse sur les choses dit sa professeure d’histoire, il n’accroche pas avec le lycée. Judith se consacre à la militance politique.
Trois années passent. Elisabeth, toute en sensibilité, est devenue une collaboratrice indispensable à Wanda, qu’il lui arrive de remplacer à l’antenne. Pour boucler les fins de mois, elle travaille aussi dans une bibliothèque. Surtout, elle qui n’a connu d’homme que son mari, vit un grand amour et se prépare à quitter l’appartement familial.
Elisabeth, Mathias et Judith sont des passagers de la nuit, en transition (« transhumance » !) entre la déflagration de l’abandon et l’émergence, peu à peu, d’un avenir. Une autre passagère est Talulha (Noée Abita), une jeune sans-abri venue témoigner dans l’émission de Wanda et qu’Elisabeth a accepté d’héberger quelques jours. Mathias tombe vite amoureux de Talulha, une fille sensuelle et mystérieuse qui excite son âme de poète. « Je ne suis pas une fille pour toi, lui dit Talulha, je salis tout et tous ceux que je touche. »
Talulha est addicte aux drogues dures. Elle apparait et disparait. Pour elle, le passage par la nuit ne semble pas avoir de fin.