L’Institut Culturel Bernard Magrez de Bordeaux consacre jusqu’au 2 avril une exposition consacrée aux pionniers du Street Art en France.
L’idée même d’une telle exposition dans le château Labottière, du 18ième siècle, peut sembler incongrue. Le Street Art, comme son nom l’indique, se pratique dans la rue, il ne se conçoit pas enfermé. Il est éphémère : il conquiert son espace de manière sauvage et ne se formalise pas s’il est effacé. Il est militant, et en tant que tel dépendant d’un contexte historique.
Pourtant, cette exposition est bienvenue. Elle permet au visiteur de remonter aux origines de cette forme artistique, de la fin des années soixante à son émergence en force dans les années quatre-vingt. Il s’agit vraiment d’art, c’est-à-dire d’une expression qui, au-delà des contingences, vise l’universel, ce qui dément sa revendication de l’éphémère.
Lors du vernissage, l’Institut avait invité des pionniers : Epsylon Point, Gérard Zlotykamien, VLP, Jef Aérosol, OX et Speedy Graphito, tous des hommes ayant dépassé le demi-siècle. Une pionnière, Miss.Tic, est décédée en mai 2022 à l’âge de 66 ans.
Je propose deux images pour inviter le lecteur à visiter l’exposition. La première est l’œuvre de Jacques Villegé, pionnier du Street Art dès les années 1950. Sa technique : lacérer des affiches, les croiser, les poser sur un support et composer ainsi un tableau.
La seconde est un tableau de Miss.Tic, avec cette phrase coc : « je revendique l’absolu minimum ».