Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930 – 1950

Le Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) consacre une exposition au photographe Erwin Blumenfeld (1897 – 1969) dans la période de 1930 à 1950 qui couvre la montée du nazisme, la seconde guerre mondiale et l’immédiat après-guerre.

 Le titre de l’exposition, « les Tribulations d’Erwin Blumenfeld » rend bien compte de la vie romanesque de cet homme. Né à Berlin dans la bourgeoisie juive, il a 16 ans quand son père meurt, ce qui le prive de réaliser des études. Il participe à la Grande Guerre de 1916 à 1918. Il rejoint alors à Amsterdam sa fiancée et ouvre un commerce de maroquinerie qui périclite en 1935.

 Dès l’enfance, le jeune Erwin s’était passionné par la photographie. C’est encore en amateur qu’il réalisa un reportage sur le pèlerinage des Gitans à Sainte-Marie de la mer. C’est la découverte, dans l’arrière-boutique de son commerce, d’un appareil photo à soufflet et un laboratoire permettant le développement et le tirage, qui le convainc de faire de la photo son métier.

Blumenfeld s’installe à Paris en 1936. Il réalise des portraits de personnalités et réalise des images de femmes que les artifices utilisés au tirage tirent vers l’abstraction. Il est recruté par la revue Vogue.

 Dès 1933, Blumenfeld avait réalisé des photomontages en réaction à l’ascension d’Hitler au pouvoir. La guerre le place dans une situation impossible : ressortissant d’une puissance étrangère, lui et sa famille sont déplacés de camp en camp, en métropole puis au Maroc. Il parvient à s’embarque en août 1941 pour les États-Unis.

 Il mène aux États-Unis une carrière fulgurante, réalisant la couverture de plusieurs magazines de mode dans lesquelles il peut, enfin, utiliser la couleur. En parallèle, il poursuit ses recherches personnelles « autour du corps féminin, de plus en plus libre dans l’exploration des formes, des couleurs et du mouvement », lit-on dans le catalogue de l’exposition.

 C’était ma première visite au MAHJ. J’ai été impressionné par la qualité des collections, tant historique qu’artistique. Le nazisme a tenté d’extirper la culture du judaïsme en exterminant les Juifs, femmes, hommes, vieillards et enfants. Quelle folie ! Une vitrine explique, par exemple, que le Shabbat est un moment dans lequel l’humain ne tente pas d’imposer son pouvoir à la création. Au moment où l’anthropocène, temps historique marqué par le projet humain de façonner son environnement, pose de graves questions, cette institution juive n’aurait-elle rien à nous apprendre ?

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