Les vacances de Monsieur Hulot

France 5 a eu la bonne idée de programmer « Les vacances de M. Hulot », film réalisé par Jacques Tati en 1953, le lendemain du premier tour de l’élection présidentielle : un exutoire bienvenu au stress électoral.

Monsieur Hulot, un célibataire excentrique âgé d’environ 45 ans, s’installe à l’hôtel de la plage de Saint-Marc-sur-mer pour une période de vacances. Une vingtaine de pensionnaires y est installée : un vieux couple, elle, intéressée par les coquillages, lui, par les jolies filles ; une famille avec de jeunes enfants munis de filets à crevettes ; un gros bonhomme qui hurle ses ordres de bourse dans le cornet du téléphone de la salle à manger ; un latino-américain à moustache ; une vieille dame anglaise ; un général en retraite avide de raconter ses campagnes…

De l’autre côté de la grande rue, au dernier étage d’une villa, Martine, dix-huit ans, est fascinée par le grand gaillard dégingandé et maladroit qui ne cesse de provoquer des désastres là où il passe mais se révèle gentil, serviable, ami des enfants et des petits plaisirs de la vie.

On parle peu dans ce film quasi muet. Les conversations font partie d’un bruitage qui inclut aussi le couinement de la porte du restaurant, les ratés du moteur à explosion de la guimbarde de Hulot, la frappe sèche de sa raquette lors d’une mémorable partie de tennis, le dégonflage de la chambre à air qu’un croquemort prend pour une couronne mortuaire, les pétarades du feu d’artifice que le gaffeur impénitent déclenche par son éternelle pipe.

Les gags s’enchainent, plus irrésistibles les uns que les autres. Ils résistent à l’épreuve du temps et, dans mon cas du moins, à celle de la répétition : « Les vacances de Monsieur Hulot » font partie, avec « Docteur Knock », des DVDs que j’ai plaisir à voir encore et encore.

Il se dégage de ce film une grande poésie, et aussi une puissante nostalgie. Ce monde préservé de l’invasion urbaine, où l’on se retrouve entre soi pour partager une oisiveté non commerciale, ce monde est irrémédiablement derrière nous. Certains aimeraient le faire revenir, et se bercent de l’illusion qu’il pourrait renaître à l’abri de murs de protection. Je préfère vivre dans mon temps, et me laisser charmer par cette formidable œuvre d’art qu’est le film de Jacques Tati.

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