À l’occasion d’un périple à bicyclette de Teruel à Andujar, je publie des papiers rédigés lorsque je vivais à Madrid. Cet article sur les vautours des gorges de la rivière Duratón a été rédigé le 8 décembre 2002.
Le vautour est un charognard. Sa raison d’exister est d’identifier les animaux malades, de les survoler patiemment dans l’attente qu’ils meurent et de dépecer leur cadavre.
Dans les Gorges du Rio Duratón, près de Sepúlveda à environ 130km au nord de Madrid, les vautours tournoient par dizaines avec grâce et légèreté, en vol plané sans pratiquement jamais battre des ailes.
Le Centre d’Interprétation situé dans la magnifique église romane San Salvador de Sepúlveda constitue une véritable apologie du vautour. Econome, il consomme dix fois moins de calories que l’être humain. Performant, son autonomie en vol est trois fois supérieure à celle d’un avion long courrier. Bienfaiteur de l’environnement, il fait oeuvre d’hygiène en faisant disparaître des foyers potentiels d’épidémie.
L’ermitage de San Frutos est situé en aplomb d’un coude de la rivière. La petite église en pierre jaune se confond presque avec la falaise. Le bal incessant des vautours transforme ce lieu de contemplation en un manège entêtant, et le ciel devient, comme les voûtes de Lascaux et d’Altamira, le théâtre vertigineux d’un ballet fantasmagorique.