France 5 a récemment diffusé L’Horloger de Saint-Paul, le premier long-métrage de Bertrand Tavernier (1974), d’après un roman de Georges Simenon.
Lorsque des policiers se présentent à sa boutique d’horlogerie dans le Vieux Lyon, le destin de Michel Descombes (Philippe Noiret) bascule. Son fils est recherché, ainsi que sa compagne, pour le meurtre d’un contremaître de l’entreprise où celle-ci travaillait. Descombes découvre qu’il ne savait rien de son fils, bien que celui-ci partageât le même toit.
Le Commissaire Guibout (Jean Rochefort), en charge de l’enquête, éprouve une réelle sympathie à l’égard de l’horloger. Il voudrait l’aider à limiter les dégâts pour son fils. L’enquête pourrait suggérer que le contremaître assassiné aurait harcelé ou violé Liliane, la compagne de Bernard, le fils de Michel.
Mais Bernard reste inflexible : s’il a tué, c’est pour débarrasser la société d’une « ordure ». Il ne s’agit pas d’un crime passionnel. Il sera condamné à 20 ans de prison. Son père ira le visiter au parloir de la prison Saint-Paul. Aux assises, il s’est dit totalement solidaire de son fils. Lui aussi, sous le vernis de l’horloger minutieux et comme invisible, est capable d’incivilité et de violence.
Le meilleur ami de Michel est Antoine (Jacques Denis) qui avec ses cheveux au vent et son air de perpétuel étudiant est resté un idéaliste, en colère contre les misères du monde. C’est également ainsi que se présente Bernard Descombes à ses juges. Son idéalisme proclamé rencontre l’idéalisme enfoui de son père.
En regardant ce film, je me suis interrogé sur le destin de ce fils. Il apparaît tendre, ingénu, amoureux. On ressent une grande fragilité en lui. Comment vivra-t-il le choc de la prison, la confrontation à la violence qui lui est intrinsèque, la lente érosion des années ?
Le jeune homme est aussi quelqu’un qui s’est arrogé le droit d’attenter à la vie d’un homme parce qu’il le considérait comme une ordure. Les « ordures » ne manquent pas, en prison et en liberté ! Ne va-t-il pas s’endurcir et s’octroyer le rôle d’un justicier de masse ?
L’Horloger de Saint Paul est un excellent film, porté par des acteurs exceptionnels. La ville de Lyon en constitue un personnage à part entière : on se perd dans ses ruelles et ses traboules, on se retrouve au chaud dans ses bistrots, on rêve devant le flux de la Saône et du Rhône.