Libre et assoupi

La chaine de télévision W9 a récemment diffusé « Libre et assoupi », le premier film réalisé par Benjamin Guedj. Il traite sur le mode de la comédie de la résistance de nombreux jeunes à la société productiviste.

Sébastien Morin (Baptiste Lecaplain) aurait tout pour réussir professionnellement. Avec dix ans d’études supérieures derrière lui, plusieurs doctorats passés brillamment et la maîtrise de plusieurs langues étrangères, il pourrait devenir un cadre brillant. D’ailleurs, il le deviendra, mais au terme d’un parcours singulier.

C’est que Sébastien n’a pas du tout envie d’entrer dans le monde du travail (du latin « tripalium », torture). Il aime la grasse matinée, la contemplation d’un plafond paresseusement couché dans son lit, les heures passées dans un jardin public à lire un livre, la flânerie dans les rues de la ville à humer le parfum des passantes. Il se délecte des salles d’attente.

Sébastien organise sa vie oisive. Il fait une demande de RSA. Par chance, l’agent de Pôle Emploi (Denis Podalydès) est un rêveur qui, comme lui, ne pense qu’à s’abstraire des contraintes et valide son dossier sans exiger de preuves. Il s’installe en colocation avec une ancienne camarade d’université, Anna (Charlotte Le Bon). Un autre colocataire, Bruno (Felix Moati) est déjà dans la place. Il passe d’un petit boulot à l’autre, de chauffeur de corbillard à père Noël, mais ses idées fixes sont de se promener en slip (y compris dans un musée) et posséder Anna.

Peu à peu, Sébastien se fait à l’idée qu’il devra travailler. Il y a le regard réprobateur de ceux qui l’accusent d’être un parasite. Il y a la confession d’Anna, qui lui reproche de n’avoir rien tenté pour la conquérir. Il y a enfin une jeune femme qui, dans des actualités anciennes, s’exprime sur le besoin de s’engager dans la vie et dont il tombe instantanément et virtuellement amoureux, Valentine Caillou (Suliane Brahim). Lorsque Valentine Caillou se rend chez Conforama pour acheter un lit, le vendeur est Sébastien. Amoureux du lit, celui-ci a trouvé sa voie dans la literie, en même temps que l’amour.

Le film est scandé par une scène où une foule pressée habillée de sombre croise Sébastien, vêtu d’orange, qui tente de se frayer un passage. Dans la dernière séquence, cette foule compacte, confrontée à Sébastien, fait demi-tour.

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