Dans « l’origine de la violence », le metteur en scène Élie Chouraqui montre comment d’une histoire familiale secouée par l’histoire et cachée sous le tapis peuvent naître des peurs incontrôlables aujourd’hui.
Nathan Fabre (Stanley Weber) est né d’une famille bourgeoise catholique. C’est un homme normal, un professeur de littérature sans histoire. Sauf qu’il est parfois pris de crises de colère dans lesquelles il ne se domine pas et frappe. Dans un parking d’aéroport, il s’emporte contre un automobiliste qui le frappe, et Gaby (Miriam Stein), sa fiancée allemande, prend peur et le quitte.
Pourquoi cette violence latente ? Pourquoi cette terreur qui hantait ses nuits de gamin et les peuplait de cauchemars ? Nathan a l’intuition que la cause est nichée dans l’histoire de sa famille. Visitant Buchenwald, il tombe en arrêt devant la photo d’un déporté qui révèle une ressemblance troublante avec son père (Richard Berry).
Nathan n’a dès lors pas de cesse de creuser le passé de sa famille catholique Fabre, qui s’avère liée par de multiples fils à celui d’une autre famille, juive, les Wagner. Une chape de plomb a été posée sur ce passé que l’on veut oublier, celui de la shoah, d’un adultère, d’une filiation occultée, d’un meurtre tombé dans l’oubli par un accident de l’histoire.
« L’origine de la violence » n’est pas un grand film. Les critiques ont souligné les lourdeurs du scénario et de la mise en scène. On peut aussi s’interroger sur la pertinence de revenir, encore et encore, sur la seconde guerre mondiale alors que les conflits d’aujourd’hui inspirent et pourraient inspirer tant de scénarios inédits. Mais l’extermination planifiée par millions de tout un peuple reste un cas unique, dont la mémoire travaille en profondeur les sociétés d’aujourd’hui. Montrer les tortures souterraines dont ce passé continue d’être la cause, deux ou trois générations après, une tâche utile. À ce titre, le film d’Élie Chouraqui mérite d’être vu.