« Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan », film réalisé par Ken Scott, est tiré du livre éponyme de Roland Perez, dans laquelle il raconte une enfance marquée par le handicap et la volonté farouche de sa mère de le surmonter pour lui offrir une vie fabuleuse, puis une vie d’adulte occupée à se défaire de sa présence étouffante.
Roland nait, dernier dans une fratrie de six, avec un pied-bot. Les médecins s’accordent à dire qu’il ne pourra jamais marcher. Sa mère Esther (Leïla Bekhti) fait front : mon enfant marchera, il ira à l’école sur ses deux jambes comme tous les enfants. Issue de la communauté Sépharade du Maroc, elle croit qu’à Dieu rien n’est impossible.
Roland rampe dans l’appartement. Il n’est pas scolarisé. La directrice de l’assistance sociale à l’enfance, Madame Fleury (Jeanne Balibar) s’impatiente, menace de confier l’enfant à une famille d’accueil. Esther plaide si bien sa cause qu’elle obtient un délai, trouve une rebouteuse qui propose un traitement : l’enfant restera alité, pris dans un corset, avec le pied déformé soumis à une traction jour et nuit.
Pendant son temps d’éveil, la télévision reste branchée en continu. La star du moment, c’est Sylvie Vartan. Elle fascine Roland (interprété par Naïm Naji), alors âgé de six ou sept ans. C’est sur les paroles de ses chansons qu’un grand frère lui apprend à lire.
Un quart de siècle plus tard, Roland Perez (Jonathan Cohen) est devenu un avocat réputé, un intervenant régulier à la télévision sur les questions juridiques. Il a épousé Litzie (Joséphine Japy), ils ont eu trois enfants, mais Litzie décède d’un cancer. Roland commence une psychothérapie. Comment se séparer de l’envahissement de sa mère ? Comment accepter de parler de son handicap ? Comment avouer à Sylvie Vartan, devenue sa cliente et son amie, qu’il lui doit sa vie d’homme libre ?
Ken Scott parle ainsi de son film. « J’ai construit le film en miroir, en balancier. Dans la première moitié, une mère se bat pour libérer son fils de son handicap. Dans la seconde, c’est le fils qui se démène pour se détacher de sa mère. J’avais envie de raconter l’histoire d’une mère qui se donne corps et âme à ses enfants, et en parallèle, l’histoire d’une émancipation. »