Ma vie avec Liberace

Arte TV a récemment diffusé « ma vie avec Liberace », téléfilm de Steven Soderbergh (2013) avec Michael Douglas et Matt Damon dans les rôles principaux.

Peu connu en France, le pianiste Liberace (prononcer Liberatchi) fut aux Etats-unis un virtuose du Boogie-woogie, le pianiste le mieux payé à son époque. Lorsque commence le film, en 1977, il a 58 ans. Il se produit à Las Vegas dans la salle de spectacles d’un hôtel de luxe. Son style est totalement kitsch : invraisemblables costumes de scène, candélabres, pianos peints de couleurs criardes.

Officiellement, Lee Liberace (joué par Michael Douglas) est hétérosexuel et courtise une comédienne. En réalité, il est homosexuel et est en train de congédier son amant. C’est à ce moment qu’apparait dans sa vie Scott Thorson (Matt Damon), un homme jeune qui a été ballotté par la vie, exerce le métier de dresseur de chiens et se rêve en vétérinaire. Surtout, Scott est beau comme un dieu.

Lee propose à Scott de partager sa vie. Il le comble de cadeaux : voitures de sport, bijoux, vêtements hors de prix. Pour Scott, c’est un éblouissement. Il est fasciné par son bienfaiteur. Celui-ci a besoin à tout moment de briser sa solitude. Il est heureux d’avoir à ses côtés un obligé. L’idylle dure cinq ans, puis Liberace se lasse et se débarrasse de son amant comme il s’était séparé du précédent : à moindre frais. Scott redevenu pauvre travaille au service de la poste.

En 1987, Liberace se meurt du Sida. Il implore Scott de lui rendre visite et lui confesse que les années passées auprès de lui furent les meilleures de sa vie. Un véritable amour s’était développé.

La force du film de Soderbergh réside dans la mise en scène de l’ambigüité de la relation de Liberace et Thorson. Il sont amants. Mais Liberace contraint son protégé à passer entre les mains du redoutable chirurgien esthétique Jack Startz (Rob Lowe) afin que son visage, remodelé, ressemble au sien. Après l’opération, il commence des démarches pour adopter Thorson. Il devient ainsi en même temps son amant, son père, son patron. L’équilibre de son protégé n’y résiste pas : Thorson se détruit par les drogues que lui administre le docteur Startz.

Aucun producteur n’accepta de financer aux Êtats Unis le passage de ce film en salles, en raison de la relation homosexuelle des protagonistes. Il fut produit comme téléfilm par une chaine de télévision. Il fut néanmoins présenté en compétition à Cannes. C’est en effet un excellent film.

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