Madre

Dans son dernier film, Madre, Rodrigo Sorogoyen explore la psychologie d’une femme détruite par la disparition de son enfant.

 Le film commence par un long plan-séquence pathétique dans lequel Elena (Marta Nieto) parle au téléphone avec son fils Iván, 6 ans. Celui-ci a été laissé seul sur une plage, probablement en France, par son père. Un homme s’approche. L’enfant terrorisé tente de se cacher. La communication s’interrompt.

 L’enquête permet d’établir que la disparition a eu lieu à Vieux-Boucau, dans les Landes, mais n’a pas révélé le sort de l’enfant : est-il mort, est-il vivant ? Dix ans ont passé. Elena, obsédée par la disparition d’Iván et privée du travail de deuil, s’est établie à Vieux-Boucau où elle gère un restaurant de plage.

Or voici qu’un jeune de seize ans (Jules Porier) ressemble furieusement à l’enfant disparu. Une double et trouble fascination s’instaure entre Elena et Jean. Elena voit dans l’adolescent son fils Iván. Celui-ci, malgré vingt-trois ans de différence d’âge, tombe amoureux de cette belle étrangère éternellement triste.

 La relation d’Elena et de Jean s’entrechoque avec celle qu’entretient Elena avec son compagnon Joseba (Alex Brendehül), qui la presse de tourner la page et de quitter avec lui Vieux-Boucau. Elle provoque aussi une crise avec les parents de Jean lorsqu’Elena, croyant ce dernier en danger, fait irruption chez eux. Elle amène chez Elena un déplacement émotionnel. Elle menait une vie étriquée, et sans pouvoir porter le deuil, elle s’interdisait néanmoins de faire la fête. Le tourbillon de sa rencontre avec Jean la remet en mouvement.

 Les acteurs, en particulier Marta Nieto, sont bouleversants. Le site du film est en lui-même un personnage : l’océan et ses vagues obsédantes, la longue plage de sable où pèse la solitude, la pinède où l’on se perd et où l’on se retrouve, tout cela est filmé avec un sens aigu du langage des choses.

 

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