Dans « Maestro(s), Bruno Chiche met en scène la rivalité féroce entre un père et son fils, qui exercent tous deux un métier prestigieux : chef d’orchestre.
Lorsque Denis Dumar (Yvan Attal) obtient le prix des Victoires de la Musique, son père François (Pierre Arditi) n’a que mépris pour cette décoration de pacotille. Mais lorsque la secrétaire du directeur de la Scala de Milan lui annonce qu’il sera, à partir de septembre, le directeur artistique du plus prestigieux Opéra du monde, il pense que cette consécration lui revient de droit.
Il s’agit d’un quiproquo. C’est Denis qui est pressenti pour ce poste. Il lui revient d’en informer son père. Il ne parvient pas à s’y résoudre, conscient de la douleur et de l’humiliation que celui-ci va ressentir.
C’est finalement Hélène (Miou-Miou), femme de François et mère de Denis qui, contrainte et forcée, lâche le morceau. Et c’est le père qui affrontera son fils en face à face. Il le fait par un chemin de traverse. Hélène et lui ont failli se séparer avant sa naissance. Il aurait pu ne pas naître. Et lorsqu’Hélène l’interroge sur ce dialogue père-fils, c’est de nouveau une métaphore qu’il utilise : petit enfant, Denis avait peur de l’eau, sa mère l’avait libéré de cette terreur en la jetant dans le grand bain.
La Scala aurait pu être un aboutissement pour François. Ce sera le grand bain pour Denis.
Certains critiques ont jugé ce film convenu, prévisible, bon pour le dimanche soir de TF1. Je l’ai trouvé intéressant, les personnages secondaires donnant de la profondeur au scénario : Virginie (Caroline Anglade), la compagne de Denis, Jeanne (Pascale Arbillot), son ex-femme et toujours agent, Mathieu (Nils Othenin-Girard), leur fils.
Le film est fait pour le grand écran. La bande son est remarquable. Le Laudate Dominum, enregistré par Denis Dumar en studio, est bouleversant.