Marguerite

« Marguerite », film de Xavier Giannoli avec Catherine Frot dans le rôle principal, raconte le destin d’une femme passionnée d’opéra, trompée sur ses talents de cantatrice, surtout désireuse de ranimer l’amour de son mari.

La baronne Marguerite Dumont (Catherine Frot) a été dotée d’une immense fortune par héritage et d’un titre de noblesse par son mariage avec Georges (André Macron). Elle est passionnée de musique et dévorée du désir de chanter, pour elle-même et en public. Elle est affligée d’une voix de fausset mais n’en sait rien : nous sommes en 1920 et les enregistrements sur gramophone sont encore une rareté.

Ses proches conspirent pour lui faire croire qu’elle est une diva promise à une grande carrière sur scène. Chaque année, elle chante pour une société de bienfaisance récoltant des fonds pour les orphelins de guerre : les liasses de billet généreusement remises par la baronne font oublier aux amis la torture qu’inflige aux tympans la cantatrice d’un soir. Un jeune critique musical l’encourage dans sa carrière musicale pour profiter de ses largesses. Un anarchiste la pousse à se produire dans un cabaret pour provoquer un beau scandale. Et surtout, Madelbros (Denis Mpunga), le majordome du château des Dumont, mène à bien un projet diabolique : constituer une galerie de photos de la baronne dans son ascension et dans son inévitable chute.

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Georges Dumont, le mari de Marguerite, est placé devant un insoluble dilemme : taire l’angoisse que suscitent en lui l’aveuglement et la folie de sa femme, ou lui dire la vérité au risque de la blesser mortellement et de la perdre.

« Marguerite » flirte avec la comédie, avec en particulier le personnage d’un ridicule extravagant qui sert de professeur de chant à la baronne : Atos Pezzini (Michel Fau), obligé de jouer son rôle de coach par le maître chanteur Madelbros, mais aussi ravi de manger, lui aussi, sa part de gâteau.

Mais le film se lit aussi comme la tragédie d’une femme naïve qui devient le jouet de manipulateurs sans scrupules. Il peut se comprendre également comme une belle histoire d’amour : c’est par amour que Marguerite prend le risque de chanter, elle veut que son mari puisse être fier d’elle ; c’est par amour que Georges tente de dissuader Marguerite d’aller au suicide que représenterait un concert public, et aussi par amour qu’il accepte qu’elle aille au bout de son chemin.

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Une réflexion sur « Marguerite »

  1. Le mensonge, à soi-même et à l’autre, pour se protéger soi-même et protéger l’autre des déceptions de l’existence, et la mortelle gangrène qu’il génère, tel est aussi le centre du film. Jamais peut-être n’a-t-on autant menti en Europe qu’aux lendemains de l’effroyable boucherie de la Grande Guerre, à coup de célébrations de « nos glorieux poilus morts pour la France » et de quêtes pour leurs « veuves et orphelins ». « Marguerite » peut se lire au second degré comme une allégorie de cette imposture généralisée, où personne n’a le courage de dire la vérité, car tout le monde aurait trop à perdre à cette révélation.

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