Maria rêve

Dans « Maria rêve », Lauriane Escaffre et Yvo Muller mettent en scène l’itinéraire d’une femme renfermée vers la conscience de soi et la liberté.

 Maria (Karine Viard) mène une existence ordinaire : femme de ménage au service d’une vieille dame, elle vit une relation sans histoire avec son époux Oracio (Philippe Uchan), un maçon portugais. Lorsque sa patronne décède, elle trouve du travail à l’Institut des Beaux-Arts.

 Elle est fascinée par un monde entièrement nouveau pour elle, où la recherche du beau s’allie à la provocation. Elle se lie d’amitié avec une jeune artiste, Noémie (Noée Abita), qui parle un langage totalement hermétique mais qui la touche par son innocence et sa vulnérabilité.

Elle est aussi fascinée par Hubert (Grégory Gadebois), le gardien de l’Institut depuis vingt ans, présent depuis si longtemps qu’il semble une institution lui-même. Pourtant, Hubert nourrit une passion pour la danse Rock, aime les artistes et leurs recherches esthétiques, pratique un humour corrosif. Et il regarde Maria comme une femme belle, désirable.

 Peu à peu, Maria prend conscience d’elle-même. Elle ira jusqu’à faire des heures supplémentaires à l’Institut, comme modèle nue. Avec son mari, elle affronte un tabou : la relation avec leur fille Charlotte, dont il n’a pas accepté le compagnon. Peu à peu, la relation avec Hubert change, devient irrésistiblement amoureuse.

 « Maria rêve » est un excellent film. Il fait une large part à l’humour, avec en particulier deux personnages d’un ridicule outrancier, joués par le couple de metteurs en scène : la directrice de l’Institut, pédante et bornée, et le directeur artistique empêtré dans un anglais jargonnant. L’émotion est prégnante, celle qui résulte de la confrontation de Maria avec la création artistique ; celle que ressent Oracio témoin de la mutation silencieuse et irréversible de son épouse ; celle d’Hubert, pris au piège du reproche que lui adresse Maria de manquer d’audace, mis au défi de changer, lui aussi, le cours de sa vie.

 Les comédiens sont tous excellents. La bande sonore de René Aubry est remarquable. Une scène reste dans ma mémoire : Maria et Hubert échangent leur premier baiser. Leur image est projetée sur un écran, colorée, déformée, magnifiée par un logiciel qui lui donne la force d’un rêve.

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