La communauté française de Londres est agitée par un ambitieux projet : le métro transmanche.
L’idée part d’un constat : il y a davantage d’emplois dans la région d’Ashford, dans le Kent, que dans la région de Calais. Il existe un tunnel reliant les deux régions, qui ne serait utilisé qu’à 50% de sa capacité. Plusieurs rames du TER Nord Pas de Calais seraient disponibles immédiatement pour un parcours Calais – Ashford. Il s’agirait donc de faire circuler une navette de TER entre Calais et Ashford pour acheminer des Français vivant dans le Pas de Calais vers leur travail dans le Kent, et les Anglais possédant une résidence sur la Côte d’Opale vers leur havre de paix.
L’expression « métro transmanche » est donc par elle-même trompeuse : il s’agirait d’un train régional, la seule analogie avec le métro étant l’usage du tunnel. Lorsqu’on examine la faisabilité d’un tel projet, les obstacles s’accumulent. Qui prendrait en charge le coût d’utilisation de cette infrastructure coûteuse qu’est le tunnel ? Est-on certain qu’il reste 50% de capacité du tunnel aux heures de pointe ? Quel serait le temps de trajet, sachant qu’il est improbable que les mesures de sécurité dans la zone de Sangatte soient allégées ? Combien d’emplois seraient disponibles à Ashford pour des français résidant de l’autre côté de la Manche, et le nombre de voyageurs rendrait-il l’infrastructure justifiable, si ce n’est rentable ? Si des emplois sont vraiment à pouvoir, pourquoi ne pas frêter des autocars dès à présent et utiliser le « Shuttle » transmanche ?
Le projet est porté uniquement par des Français. Ce n’est probablement pas un hasard. Il n’est pas sûr que les responsables économiques du Kent soient affamés de main d’œuvre immigrée de France. Mais il y a surtout une différence culturelle : s’enthousiasmer pour des grandes idées est une caractéristique de l’esprit français (ce goût de liberté aux peuples étrangers qui donnait le vertige, chantait Jean Ferrat). A un esprit anglais, le projet de métro transmanche semblera sans doute une distraction et une perte de temps.
Photo : rame du TER Nord Pas de Calais, La Voix du Nord.
Se fera ou pas ? La est la question. J’attends la réponse pour décider de m’installer dans la Calaisis afin de rejoindre plus facilement Londres. Car sinon 2 rames Eurostar s’arrêtent chaque jour à Fréthun. Et le trajet avec le ferry est long, surtout que Douvres n’est pas encore Londres…