Mon bel oranger

“O meu pé de laranja lima” (Mon bel oranger), roman de José Mauro de Vasconcelos publié en 1968, est l’un des livres brésiliens les plus lus au monde.

L’histoire se passe dans la seconde moitié des années 1920 à Bangu, un quartier de  Rio de Janeiro. Zezé (José) va avoir six ans. La famille, dont le père est chômeur et la mère travaille en usine pour un maigre salaire, vit dans la misère.

Le petit garçon est vif et précoce. Il sait déjà lire, bien que nul ne lui ait appris. Hyperactif, il multiplie les bêtises. Son père et sa sœur aîné le prennent pour une incarnation du diable, Par sa mère, il est Indien Apinagé, ce qui pourrait expliquer, pour sa famille, cette filiation avec le diable. Il est fréquemment battu, même sans raison. Ils s’y sont habitués, dit-il.

Le jour de Noël, Zezé et son petit frère Luís ont disposé leurs chaussures de tennis, mais ils les trouvent vides. « Le pire, c’était que personne ne parlait avec personne. Cela ressemblait davantage à la veillée funèbre de Jésus qu’à sa naissance. » Zezé ressent de la haine, de la révolte et de la tristesse. « Sans pouvoir me contenir, je m’exclamai – Comme c’est mal d’avoir un père pauvre ! »

« Papa était debout et nous regardait. Ses yeux étaient énormes de tristesse. Il semblait que ses yeux avaient tellement grandi, mais grandi tellement qu’ils occuperaient tout l’écran du cinéma de Bangu. Il y avait un chagrin douloureux si fort que ses yeux, s’ils avaient voulu pleurer, n’auraient pas pu. Il resta un moment qui ne finirait jamais à nous regarder, puis, en silence, il passa devant nous. »

Peu après, Zezé tente de consoler son père. « Vous savez, papa, quand vous voudrez me battre, je ne protesterai jamais plus. Vous pouvez vraiment me battre. –  d’accord, d’accord Zezé, »

Zezé finit par se convaincre qu’il n’aurait jamais dû naître. Son seul ami est un jeune oranger qui n’a jamais donné de fleur ni de fruit. Il lui a donné un nom, Minguinho, et même un surnom affectueux, Xururuca. Il lui parle sans cesse, partage avec lui ses secrets.

Son plus grand secret, c’est qu’il a rencontré un homme qu’avec son autorisation il appelle « Portugais ». Il a environ 60 ans, possède une belle voiture. Aucune pédophilie dans cette relation. L’homme est bouleversé par ce petit bout de chou dont le corps porte les marques de mauvais traitements.

Un jour, Zezé lui fait une confidence. « Je commençai à sentir un nœud douloureux dans la gorge. Il fallait beaucoup de courage pour raconter la suite – tu vas fuir, alors ? Non. J’y ai réfléchi toute la semaine. Cette nuit, je vais me jeter sous le Mangaratiba. (un train rapide traversant Bangu). » Toute la nuit, le Portugais fera le guet près de la voie ferrée.

C’est le Portugais qui meurt écrasé par la Mangaratiba au volant de sa voiture. Zezé est dévasté, au point de faillir mourir. Sa sœur aimée Gloria lui apporte la première fleur de son oranger. « As-tu vu comme la rue est devenue triste ? Tout le monde sent bien qu’il y manque ta vie et ta joie … Mais tu dois aider. Vivre, vivre et vivre. »

Et Zezé de conclure pour lui-même : « c’est vous qui m’avez appris la tendresse du monde, mon Portugais bien-aimé. »

« Mon bel oranger » est un livre bouleversant sur l’enfance.

José Mauro de Vasconcelos (1920 – 1986)

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