Arte TV a récemment diffusé « Mon Oncle », film de Jacques Tati réalisé en 1958 et honoré de l’Oscar du meilleur film étranger l’année suivante.
Comme l’indique le titre, le sujet du film de Jacques Tati est la relation entre un oncle, Monsieur Hulot (Jacques Tati lui-même), et son neveu Gérard.
Gérard est le fils unique de Monsieur et Madame Arpel (Jean-Pierre Zola et Adrienne Servantie), qui, imbus de leur réussite sociale, entendent vivre, dans leur banlieue, une vie de grands bourgeois. Ils ont construit une villa selon les critères du design dernier cri (des années 1950).
On ne mélange pas les torchons et les serviettes. Lorsqu’un visiteur se présente, on s’assure de qui il est. S’il est de marque, on actionne un jet d’eau craché par une sculpture-poisson. Un livreur n’a pas droit à cet artifice.
La maison est remplie de gadgets technologiques aussi bruyants que dysfonctionnels. Toutes les pièces communiquent, se vante Madame Arpel. Le problème est qu’entre les êtres rien ne communique.
Heureusement, Madame Arpel a un frère, Monsieur Hulot, complètement déjanté. Il vit dans un quartier populaire à l’ancienne, avec ses marchands de quatre-saisons et son bistrot « chez Margot ». Il circule en vélosolex. Il est l’ami des chiens errants du quartier qui renversent les poubelles et pissent sur les réverbères. Il est aussi le complice de la bande de garnements du quartier qui jouent aux passants des tours pendables, hilarants pour le spectateur.
Pour Gérard, la vie dans la cage dorée de la Villa Arpel serait insupportable sans le bain d’oxygène que lui procurent les journées avec son oncle. La vie de chien des rues est bien plus drôle que celle d’un toutou bourgeois : le basset des Arpel, de son côté, l’a bien compris, qui rejoint volontiers clandestinement la meute ses chiens errants.
Monsieur Arpel n’a pas renoncé à ranger son beau-frère. Il tente de le faire entrer dans son entreprise ; mais le projet se heurte au don de Monsieur Hulot pour déclencher des catastrophes. Il aimerait le marier à la voisine, une snob excentrique qui se plaint de vivre seule dans sa barraque ; mais le déjeuner entre amis censé les faire se rencontrer vire au fiasco.
« Mon Oncle » est un film drôle qui joue sur l’affrontement entre une modernité inhumaine et la nostalgie d’une ville-village déjà obsolète. On y rit volontiers, mais on se laisse aussi envelopper par une poésie prégnante.