La Fondation Louis Vuitton consacre jusqu’au 27 février 2023 une rétrospective à la peintre américaine Joan Mitchell (1925 – 1992), et propose une confrontation de son œuvre avec celle tardive de Claude Monnet (1840 – 1926).
Née dans le Michigan, Joan Mitchell a travaillé à New York puis dans un atelier à Paris (1959) et enfin à Vétheuil (1967) dans une maison bordant la Seine. Ses principales sources d’inspiration sont la poésie (sa mère était poète) et l’observation de la nature.
L’artiste peignait essentiellement des toiles de grand format. Elle les assemblait fréquemment en diptyques ou triptyques, parfois préconçus dès la naissance de l’œuvre, parfois décidés après leur réalisation.
Ce qui caractérise son œuvre, c’est la vigueur du trait et la puissance des couleurs.
Claude Monet a peint environ 150 tableaux à Vétheuil. Il y a là une proximité géographique avec Mitchell, tout juste sa contemporaine puisqu’elle naquit un an avant sa mort. Il y a surtout, malgré la différence des époques et des styles, une continuité artistique.
Monet et Mitchell nourrissaient leur inspiration d’une observation attentive et poétique de la nature. Chez Monet, un nénuphar, une agapanthe, un reflet sur l’eau restent figuratifs ; Mitchell se concentre sur la sensation (« feeling ») qu’ils provoquent chez l’artiste et, au-delà de l’artiste, le spectateur du tableau.
On est toutefois frappé chez Monet par l’anticipation de l’abstraction. Si l’on isole des parties des tableaux de la collection des « nymphéas », le tracé des plantes ne reproduit pas la réalité vue par le peintre, mais va directement à la rencontre de ses émotions.