Mort d’un président

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du président Georges Pompidou, survenue le 2 avril 2014, La Chaine Parlementaire LCP a diffusé « Mort d’un président », film réalisé par Pierre Aknine en 2011 avec Jean-François Balmer dans le rôle du président.

 Le film s’ouvre sur la rencontre en avril 1973 à Reykjavik du président français et de son homologue américain Richard Nixon. Pompidou (Jean-François Balmer) peine à descendre la passerelle. Il apparait bouffi. Un journaliste témoin de la scène commente « votre président est mourant ». Le reporter de l’ORTF est sommé de rentrer illico à Paris et d’éliminer les gros plans.

 C’est que la maladie du président, un cancer rare à l’issue fatale, est devenu, sinon un « secret d’État », du moins un secret de l’État, comme le dit Pompidou lui-même à son médecin. Sa femme Claude (Évelyne Buyle) elle-même, n’en sera pas directement informée. Seuls sont dans la confidence Alain Pompidou (Manuel Blanc) et Michel Jobert (Laurent Bateau), confident du président.

Les conseillers du président, Pierre Juillet (André Marcon) et Marie-France Garaud (Florence Muller), ont bien compris qu’il n’irait pas au bout de son septennat. Ils préparent secrètement sa succession avec un objectif, écarter Jacques Chaban-Delmas coupable de rechercher un élargissement de la majorité à gauche en ralliant des socialistes allergiques à l’alliance avec le Parti Communiste.

 Juillet et Garaud n’hésitent devant aucun coup tordu, diffusion de fausses informations, mise à disposition de journalistes de dossiers compromettants. Ils entreprennent surtout de créer de toutes pièces un personnage politique dans leur famille politique capable de se présenter comme alternative à Chaban-Delmas. Il s’agit du ministre de l’Agriculture, Jacques Chirac. Ambitieux, celui-ci se rangera le moment venu aux côtés de Giscard d’Estaing.

 Le président, quant à lui, refuse de démissionner comme le lui suggère sa femme, témoin de ses insupportables souffrances et désireuse de lui aménager une fin de vie sereine. Il craint le risque de l’élection de François Mitterrand, que la désunion de son propre camp rend plus probable. Il caresse l’idée de ramener à cinq ans le mandat présidentiel, ce qui lui permettrait peut-être de sortir par la grande porte, sans s’avouer vaincu par la maladie.

 « Mort d’un président » est mené comme un thriller, chaque scène étant marquée par une date et une heure, rapprochant le spectateur de l’issue fatale. L’interprétation de Georges Pompidou par Jean-François Balmer est exceptionnelle. Un aspect touchant du film est la passion du couple Pompidou pour l’œuvre du peintre Nicolas de Staël, dont une toile accompagne l’agonie du président.

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