Le Mali était à l’honneur hier soir dans l’immense auditorium du Barbican à Londres.
La star du concert était le groupe Bassekou Kouyate & Ngoni Ba qui suscita l’enthousiasme par son rythme époustouflant, par la qualité et l’étrangeté du son des calebasses et des ngonis (instrument à cordes à caisse étroite) et surtout par la joie des musiciens sur scène. Leur musique est profondément enracinée dans la tradition griotte. Elle résulte aussi d’un effort pour rendre cette tradition intelligible par des auditeurs du monde « globalisé ». « Il n’existait pas de théorie musicale de base du ngoni, et les vieux griots avaient leur propre façon de se référer aux notes, dit Bassekou Kouyate. J’ai travaillé à mettre en place un cadre de sorte que les notes sont maintenant reliées aux gammes occidentales et il est possible à des personnes hors de notre monde musical d’apprendre à jouer le ngoni ».
C’est ce même travail interculturel qui m’a fasciné dans le récital de Ballaké Sissoko à la kora, (instrument à cordes de la taille d’un homme avec à sa base une caisse sphérique) et Vincent Ségal au violoncelle. J’avais acheté et aimé leur disque, « Chamber music ». Les deux hommes son assis côte à côte, Ballaké dans un boubou d’un blanc éclatant, Vincent dans un classique costume – cravate gris.
Ballaké Sissoko est issu d’une famille de griots mandingues. La conversation musicale entre les deux artistes est d’une grande délicatesse. Un thème développé par Ballaké à la kora est interprété par Vincent au violoncelle avec une couleur différente, mais fidèle jusque dans les nuances. Leur musique invite au recueillement, à la méditation de ce qui nous distingue et de cette mélodie universelle qui nous réunit.
Illustration : pochette du disque « Chamber Music ».