La hamza (ء) est l’une des lettres de l’alphabet arabe. Mais elle a un statut à part qui la rend mystérieuse et poétique.
Tout commence par une équivoque. Dans l’alphabet, c’est alif (ا) la première lettre. Mais comme aucun mot ne peut commencer par alif, c’est une autre lettre que l’on trouve d’abord dans le dictionnaire. Et cette lettre s’appelle hamza. Mais comme elle est timide, elle se camoufle dans la forme massive du alif, prenant la forme d’un petit galurin facétieux.
La particularité de la lettre hamza, c’est que, si elle peut avoir une existence propre, « sur la ligne », elle est plus généralement supportée par une autre lettre dont elle se nourrit comme les poisons parasites du requin. Ces lettres sont le wa (ؤ), le ya (ئ) et, de nouveau, le alif (أ ou إ). Le hamza est alors dessiné, selon les cas, au-dessus ou au-dessous de la lettre support.
Ici les choses deviennent subtiles. On distingue en effet la hamza stable de la hamza instable.
La hamza stable s’écrit et se prononce, qu’elle soit écrite sur la ligne ou supportée par une autre lettre.
Quant à la hamza instable, il s’agit d’un pur fantôme. On ne la trouve qu’en début de mot et on ne la prononce que si elle est en début de phrase ou après une pause. Pour ajouter à la perplexité de l’étudiant, elle se représente par le même signe que le alif. Mais attention : si elle a la couleur et l’odeur du alif, ce n’est pas un alif !
Et qu’on ne s’imagine pas que la hamza instable est une curiosité pour arabisants érudits ! L’article défini « al » commence par une hamza instable et il est bien rare de lire une phrase en arabe sans qu’un substantif soit défini par son article.
La hamza est lettre fantôme de l’alphabet arabe et la première du dictionnaire. Elle se laisser porter telle une mignonne petite fille par des signes galants et serviables. Elle pousse la coquetterie jusqu’à s’effacer totalement, sans signe distinctif et sans phonème. Comment s’étonner alors que l’arabe soit une langue de poésie ?