Le Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux présente jusqu’au 28 janvier 2023 une remarquable exposition intitulée « Nanda Vigo, l’espace intérieur ».
La référence à l’espace intérieur n’est pas en adéquation avec le lieu qui accueille l’exposition : l’ancienne prison municipale, dont la fonction primitive n’avait rien d’artistique. Les jeux de lumière et de miroirs caractéristiques du travail de Nanda Vigo semblent dilater les murs des cellules dans lesquelles les détenus se sentaient probablement bien à l’étroit.
Milanaise, Nanda Vigo (1936 – 2020) se trouve au croisement de l’art, de l’architecture et du design. À partir des années 1960, elle fait partie des avant-gardes artistiques italiennes et européennes, en particulier le mouvement Zéro en Allemagne. L’exposition à Bordeaux est la première qui lui soit consacrée en France.
L’exposition n’est pas organisée selon un principe chronologique, mais immerge le visiteur dans un univers sensoriel fait de couleurs, de formes et de reflets. Les matériaux, tels que le verre, l’aluminium ou les néons jouent un rôle important. Ils permettent d’élargir la perception des couleurs et des formes.
La lampe « Golden Gate » est un bon exemple de la démarche expérimentale de l’artiste. Il n’existait pas de machine capable de plier un tube d’acier de cette dimension ; aucune lampe de pouvait s’y insérer. On fabriqua donc une machine spécifique, et pour la première fois en Italie on utilisa une lampe LED.
Une longue salle étroite éclairée à ses deux extrémités par des néons rouges est tapissée d’une moquette rouge. Les visiteurs hésitent, sentent leur équilibre menacé. Une belle métaphore de l’œuvre de Nanda Vigo, qui se situait du côté du questionnement et de l’innovation. Dans une vidéo qui accueille le visiteur, l’artiste se définit ainsi : « Identité ? Incertaine. Architecte ? Réducteur. Artiste ? Réducteur. Designer ? Réducteur. Pionnière : peut-être. Anyway : Nanda Vigo ».