« Notwithstanding » (en français, Nonobstant) est la chronique par l’écrivain anglais Louis de Bernières de la vie d’un village du Surrey (au sud de Londres, sur la route pour Southampton) dans les années soixante dix, lorsqu’il passe doucement du statut de commune rurale à celui de grande banlieue de Londres, où affluent retraités, résidents du week-end et travailleurs qui font chaque jour le déplacement pour la capitale. Ecrit en 2009, le livre est disponible dans le format Kindle.
« J’étais au salon du livre de Pau il y a quelques années lorsque je rencontrai un artiste français nommé Jacques. Il me dit qu’il adorait la Grande Bretagne car elle était si exotique. J ‘en restai abasourdi et lui demandai ce qu’il voulait dire par là. Il répondit que lorsqu’il allait en Allemagne, en France, en Belgique ou en Hollande, tous ces pays paraissaient semblables. Mais « la Grande Bretagne, c’est un asile immense ». A la réflexion, je me rendis compte de ce si j’avais situé tant de mes romans et des mes histoires à l’étranger, c’était parce que l’habitude m’avait empêché de voir combien mon propre pays était exotique. La Grande Bretagne est vraiment un immense asile de fous. C’est une des choses qui nous distingue parmi les nations. Nous avons une conception très flexible de la normalité. Nous somme rigides et formels sous quelques aspects, mais nous croyons au droit à l’excentricité à partir du moment où les excentricités sont suffisamment grandes. Nous ne sommes pas aussi tolérant à l’égard des petites. Malheur à vous si vous tenez votre couteau de manière incorrecte, mais bonne chance si vous portez un pagne et vivez au sommet d’un arbre. »
Le village de Notwithstanding ne manque pas de personnages déjantés, depuis Archie qui correspond avec sa mère du jardin où il travaille à la cuisine où elle fait mijoter les plats par talkie-walkie aux religieuses du couvent qui domine le village et ont une telle confiance en la Providence que leur conduite automobile représente un danger public. Le chapitre le plus hilarant est celui où le Colonel Barkwell recevant à dîner se rend compte que le chat à qui il a fait goûter le poisson est mort : tous les convives son conduits militairement à l’hôpital pour un lavement d’estomac, avant de découvrir que, loin d’être mort d’empoisonnement, le matou avait banalement été écrasé par une voiture.
L’humour est toujours présent dans ces « histoires d’un village anglais », mais il est souvent éclipsé par des émotions simples, celle d’un jeune garçon fier de pêcher un immense poisson, celle d’un adolescent qui n’ose déclarer son amour à la fille qu’il aime, celle du dernier paysan du village qui a cédé aux invitations de sa fille à vendre la ferme, mais reste inconsolable.
Notwithstanding nous fait aimer les Anglais, fous, exotiques, excentriques, et si profondément humains.