Nuit de l’humour à La Réunion

Huit humoristes réunionnais ont récemment tenu la scène d’une « nuit de l’humour » au théâtre de plein air de Saint-Gilles.

Le « zoreil » (métropolitain) que je suis ne comprend guère plus de la moitié des sketchs, qui sont dits dans la langue du cœur du public présent : le créole.

En réalité, l’étranger capte davantage que ne le permettraient ses compétences dans la langue locale. Beaucoup est exprimé par un langage non verbal : une manière de se mouvoir, les mimiques du visage, un chapeau posé sur la tête, des lunettes à gros verres réfléchissants, un certain ton de voix.

Sully Rivière et d’autres humoristes réunionnais

Les mille places du théâtre de plein air sont occupées. Les spectateurs applaudissent les humoristes confirmés, qui les font rire depuis des années : Thierry Jardinot, Marie Alice Sinaman ou Sully Rivière. Ils ne boudent pas non plus leur plaisir lorsque s’expriment de jeunes talents : Manue, Brice, Micka’h, Erick Fleuris, Wilfrid Thémyr.

Devant moi et derrière mois, deux spectatrices éclatent souvent de rire. Leurs explosions de joie me prennent au dépourvu, car je comprends rarement les mots qui les suscitent. Il y a surtout quelque chose de troublant et de fascinant : elles ne rient jamais au même moment ni pour les mêmes sketchs Elles semblent assister à deux spectacles différents. Lorsque le spectacle s’achèvera, au bout de trois heures et demie, elles resteront pour moi et pour toujours des énigmes.

Marie-Alice Sinaman

Le sketch que j’ai préféré évoque le piercing : une femme a le corps tellement traversé de morceaux de fer qu’elle affole les portiques de sécurité des aéroports. Un comble, dit l’humoriste, pour un pays dont les ancêtres furent esclaves, enchaînés par des entraves de fer. Un autre sketch évoque les « éco-djihadistes » présentés comme des croyants exaltés et intolérants : « la viande c’est maaal ! ».

Thierry Jardinot

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