Beaucoup des vœux reçus ces derniers jours nous invitent à « oublier 2020 »’ et en appellent, pour 2021, à des jours meilleurs.
Il est vrai que pour d’innombrables citoyens, l’année écoulée restera associée à des malheurs : la maladie ou la mort d’êtres chers ; la perte d’un emploi ; le confinement dans un logement exigu et surpeuplé, ou au contraire dans la solitude et la tristesse ; l’interdiction de se déplacer, de se divertir, de se rencontrer physiquement ; le sentiment de dépossession et de fatalité. Oublions, tournons la page, revenons à la normale.
L’une des publications humoristiques placées sur les réseaux sociaux – l’humour noir a accompagné cette année noire ! – s’intitule « les meilleurs moments de 2020 » et se présente comme une vidéo que l’on démarre en cliquant sur la flèche. Problème : rien ne se déclenche, parce que l’année 2020 est vide de bons moments ! Une année à oublier.
En réalité, chacun a vécu de bons moments cette année, une naissance, un acte de solidarité, une promenade d’automne en forêt avec les arbres rougeoyants, une soirée-film à la télévision. Mais il est vrai que pour beaucoup le négatif l’emporte et que le désir de passer à autre chose est légitime.
Faut-il pour autant oublier 2020 ? Peut-être cette année désormais achevée restera-t-elle comme celle d’un commencement. À l’échelle mondiale, les bonnes nouvelles n’ont pas été rares : la priorité donnée à la santé sur l’économie ; la découverte en un temps record de vaccins contre le virus ; la défaite de Donald Trump ; la solidarité des pays de l’Union Européenne dans la négociation du Brexit et dans la mise au point d’un plan de relance financé de manière solidaire.
Nous avons appris à travailler à distance, par audioconférences, visioconférences, webinaires. Dans le monde fermé que je fréquente, celui des prisons, la décroissance carcérale, jusque là considérée comme utopique, a été mise en œuvre. L’idée que l’homme ne peut plus assujettir l’environnement, mais doit apprendre à vivre en harmonie avec la nature, s’impose à la conscience collective ; l’année 2020, en limitant les opportunités de consommer, accélère cet éveil.
Oublier 2020, prétendre revenir au bonheur d’avant, constituerait une profonde erreur. Nous allions dans le mur. Regardons ce qui s’est passé en cette année pivot. Tirons-en des enseignements. Ouvrons les yeux, inventons l’avenir